Littinéraires viniques » Christian Bétourné

A DEUX VOIES …

1383968_10200833507745498_1074252084_nEt l’oeil de La De.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

Émus, ils se funiculèrent,

Un printemps plein de mystère,

Dans le bruissant téléféérique,

En l’air, se sont donnés la nique.

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Monsieur la funicule,

Tendre, lui dévaste la fibule,

Ce salaud d’homoncule,

Et madame gesticule.

———-

Cuniculi Cunicucul

Comme un pendule,

Elle crie, ça hurle,

Lui griffe les testicules.

———-

La Dame funiculore

Tout est multicolore,

Extasiée elle fulgore,

Et il l’adore.

———-

Monsieur funiculise,

Tout comme à Pise,

Ça rentre, ça grise,

A mesure qu’il s’enlise.

———-

A fort cuniguler,

Il se mirent, affolés,

Affamés, éberlués,

A se dévadorer.

———-

Elle funiculage,

Suprême outrage,

Et lâche l’orage,

Sur son beau visage.

———-

Le Sieur funiculouche,

Entre les babines de la Sainte-Nitouche,

Ruades, cascades de manouche,

Un vrai bain-douche.

———-

Bon gros cuniguleur,

A bouffer monsieur se meurt,

Et le bel artilleur,

Fait son boustifailleur.

———-

Funiculi Funicula,

Lève la queue,

Crache son gras,

Et puis s’en va.

———-

En chemin, funiculant,

Elle lui croque le gland,

Ils s’enfilent et se pâment,

En plein Paname.

———-

Cuniculi, Cuniculons,

Au lit, nous irons,

Brouter les cons,

Comme des cochons.

———-

Il dit, vous funiculer,

Jusqu’au tréfonds,

Je veux Madame,

Et vous damner le fion.

———-

Dans le funiculaire,

A cette heure-ci désert,

Comme des dromadaires,

Ils stridulent, fantasia berbère.

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Cunigulou, cunigulé,

M’en vais t’avaler,

Te croquer, te lécher,

Et tu prendras ton pied.

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Madame Funiculette,

Fait sa coquette,

Et gobe la coquillette,

Qui jaillit de sa braguette.

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Monsieur funiculisse,

La douce pelisse,

Humide et lisse,

Ouh… ça glisse !

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A deux ils cunigulent,

Au ras du vestibule,

Et dru ça pullule,

Et moussent les bulles.

———-

Madame refuniculage,

Ointe, visqueuse, laiteux cirage,

Elle défait son corsage,

Se frotte et enrage.

———-

Monsieur la funicule,

A bouffer ses cuticules,

Leste, agile funambule,

Sa queue, jolie virgule,

———-

Quand ça cunigulore,

Quand jusqu’à Bangalore,

Le soleil dore,

La sueur et les corps.

———-

Madame Funicouille,

Et son bulbe de fenouil,

Agile comme une grenouille,

Elle lui graisse la quenouille.

———-

Monsieur funiculise,

A défait sa chemise,

Savamment la défrise,

A mesure qu’il s’enlise.

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Mais ces cunigulâches,

Toussent et crachent,

Les humeurs salaces,

Qui les encrassent.

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Seigneur! Le Roi et sa Reine,

Vilainement se déchaînent,

A perdre foi, âme, haleine,

Furieusement ils funiculainent.

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Monsieur funiculonne,

Râle et marmonne,

Furieusement pistonne,

La fleur de la mignonne.

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Madame funiculache,

Joue de la cravache,

Et belle bravache,

Secoue ses pistaches.

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A deux ils cunigulèrent,

Jusqu’à se foutre en l’air,

Et de Rhodes à Madère,

La peau ils s’arrachèrent.

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Ils funiculongent,

Leurs freins ils rongent,

Rincés comme des éponges,

Puis goulûment replongent.

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Monsieur funiculance,

Se tortille et balance,

Longuement, avec patience,

Il retient sa semence.

———-

Leurs flancs cunigurouges,

Saignent comme des courges,

Ça attire les bourges,

Autant que les peaux-rouges.

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Madame funiculase,

Chevauche crûment Pégase,

Salope de hase,

Elle le mène à l’extase

———-

Monsieur funiculouche,

A bouffer ses babouches,

Décharge ses cartouches,

Dans la petite bouche.

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Un vrai cuniguloire,

A manger et à boire,

C’est une putain de foire,

A briser l’encensoir.

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Il funiculoire,

Refuse de croire,

Qu’à son ciboire,

Madame veut tout boire.

———-

Ainsi ils funiculeurent,

Dans les rires et les pleurs,

Jusqu’à pas d’heure,

Au fond du Sacré-Cœur.

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Belle cuniloutre,

Et sac à foutre,

Au creux de la yourte,

Ont bouffé de la poutre.

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Funiculi,

Funicula,

Cuniguli,

Cunigula,

Lève la queue,

Et puis s’en va …

LA DÉESSE IMPROBABLE.

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Portrait de Aflaia Coronio.

CHAPITRE  2.

La mère de Proserpine avait comme étrange prénom Xéresse, ce qui lui valut tout au long cours de sa vie bon nombre de questions, auxquelles elle ne sut jamais répondre. Enfant trouvée un soir de pluie sur les parvis d’une ancienne église transformée en bar interlope, elle se retrouva derechef dans le giron très sec de l’Assistance Publique. Quelque rond de cuir, à la mémoire incertaine et grand amateur de mythologie, lui trouva ce prénom impossible. Ce matin là Jules Lerouble avait la mémoire trouble, sa nuit avait été blanchie à coups d’alcool de patate de contrebande, passablement frelaté, qui lui avait épluché la tête jusqu’à l’os. Alors ce matin là, après avoir vainement cherché à retrouver le nom de cette putain de foutue déesse romaine, Jules écrivit « Xéresse » à la plume sergent-major sur le registre d’état civil de la mairie de Lille.

Elle passa son âge très tendre dans une maison de la DDASS en compagnie d’autres enfants délaissés, puis fut mise en famille d’accueil vers ses cinq ans. Là elle rencontra une autre enfantelette perdue Mathilde Delamoule, une brunette élancée au cou de cygne, une noblesse naturelle aux yeux noirs et brillants comme deux olives. Xéresse lui voua instantanément une admiration sans borne. Elle, qui n’était que rondeurs et arabesques charnues, ne se lassait pas de contempler, admirative et silencieuse, ce pur visage de camée et les longs cheveux épais, noirs et élégamment bouclés, qui cascadaient sur les belles épaules de tanagra ivoirin de sa compagne. Les deux fillettes ne se quittaient pas, l’angélique dominait de la taille et du caractère la gracieuse énamourée, qui se pliait, avec une joie matinée de reconnaissance, à tous ses caprices. Josette et Martin Pêcheur étaient de braves gens sans façon, assidus aux offices de l’église voisine, qui affectionnaient les deux fillettes, pour autant que l’on puisse aimer deux recueillies qui mettaient quand même, via les émoluments versés par l’état, un peu de gras dans les hosties de la famille. Ils avaient un fils d’un an plus âgé, un petit rouquin filiforme, doux et passif, prénommé Gracieux, et ce prénom, pour le moins original, ne faisait qu’ajouter à la disgrâce naturelle du garçon. Mais Gracieux n’en souffrait pas, c’était un être simple au regard vert éteint, voilé d’une sorte de tristesse absente. Il avait de longs pieds au bout de chevilles graciles, des genoux plus épais que ses cuisses, surmontés de fesses convexes sur un bassin étroit, d’un torse court à la poitrine souffreteuse, rehaussé d’un cou exagérément long sur lequel reposait un visage maigre et pâle couronné d’une broussaille d’épis enflammés. Rien jamais ne le fit sortir de ses gonds, pas même les pires tortures qu’il endura sous la coupe conjointe des deux filles. Gracieux, bien plus tard fit une carrière de bourreur de saucisses dans une charcuterie industrielle du voisinage. Il mourut assez jeune, en oubliant de respirer, un soir qu’il était encore plus chargé que ses saucisses.

Mathilde et Xéresse ne se lâchaient donc pas, ou plutôt Xéresse courait sans cesse, à la remorque, derrière les longues enjambées élégantes de Mathilde. Autant la première était dégingandée, svelte et racée, autant la seconde était petite, rose et rondelette, et sa tignasse rousse, épaisse, mouvante, un peu bouclée, ondulait au moindre souffle. Elle avait une bouille très bille, couleur de lait cru, agrémentée de deux pommettes roses, deux yeux noisettes piquetés de tâches dorées, des yeux de pierres précieuses brillantes qui lui donnaient, tant ils étaient immensément sphériques, l’air d’une petite grenouille étonnée, aussi ravie que souriante. Elles grandirent l’une collée à l’autre, l’autre édictant, décidant, ordonnant, mais toujours si délicatement, que ses désirs semblaient venir de l’une. Mathilde était une finaude qui menait Xéresse du bout d’une cravache invisible, flexible, qui caressait, puis piquait à peine, juste ce qu’il fallait pour passer du trot au galop. Xéresse avait un caractère confiant, un regard naïf aussi, qui prenait les pires humiliations comme des marques d’amour. Mathilde l’avait très tôt compris et ne se privait pas d’en profiter. Elle était plus vicieuse et curieuse d’expériences cruelles qu’un éclat de verre acéré sur un carrelage blanc, son imagination sans bornes la conduisait à considérer les chairs fragiles de celle qui l’adulait, comme un champ consentant, qui jamais ne se plaignait, jamais ne rechignait à se laisser explorer, tripoter, maltraiter parfois. Xéresse fut sa chose, non pas qu’elle la considérât seulement comme un objet docile, car elle avait de la tendresse, une tendresse quelque peu amusée, pour cette petite boule de vie, mais parce qu’elle aimait par dessus tout, en toutes circonstances, être adorée inconditionnellement.

Or donc, par les sévices et délices que Mathilde lui imposa, Xéresse confondit dès l’aube de sa vie, sentiments, douleurs et plaisirs, et crut dur comme chair, qu’à accepter sans broncher les désirs des autres, même les plus étranges, elle existerait peut être un jour et deviendrait capable de choisir, détachée et libre.

Les deux filles partageaient la même chambre, petite mais suffisante et leurs deux lits parallèles se touchaient presque, seule la couleur des couvre-lits les différenciaient. Mathilde avait choisi le patchwork crocheté par les mains peu habiles de Josette, fait de plus de trous que de carrés de laine. C’était un pastel dans les tons sombres, qui décroissait, de la terre d’ombre au miel d’acacia, en passant par la terre de Sienne, la toison d’ours, la sépia et le chocolat au lait. Le côté à la fois chaleureux des bruns pâles, qui contrastait avec l’impression plus animale des nuances foncées évoquant les sous bois en décomposition, lui plut instantanément. Selon l’humeur du moment elle serait miel tendre ou grizzly griffu. Xéresse hérita, sans avoir eu son mot à dire, de la vieille couverture rosâtre épuisée par les lavages, ce qui ne la dérangea nullement. Une armoire de vieux bois sans grâce et deux chaise complétaient l’ameublement. Elles y passeraient des années, jusqu’à leur majorité …

DÉVADORE MOI …

1391567_10200814954001666_1026927008_nAvec le regard de La De.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—-

Dévadore moi, toi,

Moi qui te dévodare

Tant doucement,

Tant amoureusement

Tant ardemment,

Tant supllicieusement,

Qu’à la fin je me dissous

Comme le sucre dans le lait

De ton âme explosée.

———-

Sur le sable de douleur

De cette couche froissée,

Nous nous sommes laissés

Emporter à nous briser,

A déchirer la surface

Comme la peau de scarface,

A nous goinfrer d’amour,

A nous sentir si lourds,

Et nos âmes éclatées.

———-

Viens me dévadorer, dis,

Viens t-en urgemment,

Avant que n’éclate le grand vent

Des discordes, des miséricordes,

Les chants de misère, et la horde

Harassée, brisée, puante,

Des regrets, des cris, des souffrances,

Le cours des fleurs fanées et gluantes,

Et l’idée que le beurre est rance,

Avant que je me balance

Le nœud au bout d’une corde .

———-

Me sens grave comme un batave

Perdu au sommet des montagnes,

Comme un cancer inquiet

Allongé, caché, aux pieds,

Des catastrophes annoncées,

Comme le film torride

De tes anciennes vies,

De tes plaisirs, languide

Tu as été, bien avant que mon gland,

Timide, ému, ignorant,

Du bout, rêve de caresser tes dents.

———-

Les temps passés me terrorisent

Et je me vide à ces pensées horribles,

Autant que je le peux, j’évite,

Les morsures sanglantes de la bise,

Qui souffle à bout de souffle,

Glacée, salée, et me dise

Toutes oreilles clouées, closes,

Combien je ne suis qu’une chose,

Fadasse, incolore et sans goût,

Au regard terrifiant des cuirassiers,

Destroyers, avisos et autres seigneurs,

Aux matures brûlantes, aux proues effilées,

Qui ont longé, griffé,

Cloué, caressé, rongé tes flancs,

De baleine agile échouée sur le banc,

De leurs dards ardents.

Et c’est pourquoi je pleure,

Moi pauvre leurre.

Tant.

Alors dans l’épaisse pénombre

D’une chambre inventée,

J’entends, je vois passer les ombres,

Gigantesques et dorées,

De tes anciens amants.

———-

Dévadore moi,

Avant que s’évapore,

Que ne quitte mes pores,

La vie qu’il me reste à t’aimer.

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Quartz aigus

Que n’ai-je pas vécu.

PROSERPINE LA GALOPINE …

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Dante-Gabriel Rossetti. Proserpine.

CHAPITRE 1.

Proserpine, mais pourquoi ce prénom ? Très tôt, elle se posa la question. Très tôt. Elle questionna sa mère. Parce que, comme ça, c’est joli, ça sonne espiègle, s’entendit-elle répondre. Son père ? Elle n’en avait pas. Enfin il n’était pas présent. Enfui, juste après avoir joui dans la chatte de maman. Sa mère lui avait dit « la graine », bien sûr. Mais au sortir de l’école primaire, le premier matou renifleur lui avait traduit ça en langage normal, celui du rut, qui allait meubler sa vie et son entrecuisse …

A peine sut-elle marcher et ouvrir un peu les yeux sur le monde, qu’elle vit, à hauteur de ses yeux d’enfant, passer nombre de pattes plus ou moins grêles, diversement poilues, chaussées de godillots genre skinhead, de charentaises avachies, de mocassins vernis – très rares ceux-ci – de radeaux improbables, de cuirs griffés, cirés, luisants, cradingues et autres, enfin toute la collection des godasses des mondes occidentaux et extérieurs. C’est ainsi qu’elle apprit à compter. Outre cet indispensable apprentissage qui lui serait utile très tôt, elle développa concomitamment son odorat, et les parfums capiteux des corps de passage, à l’hygiène variable, l’initièrent rudement, de telle sorte, qu’elle n’eut jamais, de toute sa vie, le moindre haut le cœur. Ajouté à cela l’incompétence crasse de sa matrice en matière d’hygiène, elle fut de suite vaccinée, à la dure, contre nombre de microbes et virus ambiants. Elle eut bien quelques fièvres, mais ni quartes, ni même tierces, dont elle sortit, avec difficulté parfois il faut bien le dire, considérablement renforcée.

Proserpine naquit un soir étrange, entre un 31 et 32 Décembre, ce qui est le sort habituel des sorcières ou des âmes dégagées des obligations humaines. Mais par un prodige du destin qui étonne encore à ce jour l’Olympe aussi bien que les ciels divers des religions du livre, et même, c’est dire, les plus hauts extasiés au-delà du Parinirvãna, elle se retrouva, hurlante et sanguinolente, sur le ventre ville ouverte de Xéresse, sa salope de mère. C’est ainsi qu’elle parlait d’elle, avec tendresse, quand son regard faisait contrepoint à ses paroles. Une putasse de première, sa mère, qui n’arrêta que fort tard, passé sa quatre vingtième année, de se faire bourrer la tranchée qu’elle avait accueillante. C’était pour elle une nécessité absolue. Sans quoi, elle se traînait et perdait tout entrain. C’est pour vivre et survivre qu’elle passa sa vie entière à passer en revue tout ceux qui passaient à portée de sa coquille. Pour garder joie, bonne humeur, et parfois, souvent même, pour faire bouillir la marmite. A se faire ramoner le coquillard, elle n’eut de cesse. Une dévoreuse, une assécheuse, une bouffeuse d’énergie, un vampire qui ne vivait que des substances, voire des subsistances d’autrui, et qui dépérissait dès qu’elle n’était plus comblée.

Coïncidence, elle cessa ses activités un beau matin que son désir s’envolait, les poinçonneurs des Lilas, remplacés par des portiques sans âmes, disparaissaient des couloirs du Métropolitain. C’était comme si le monde basculait d’un coup. Un coup qui l’ébranla et mit à mort son désir jusqu’à lors, inextinguible, cette soif impétueuse qui avait été l’unique sens unique de sa vie. Car Xéresse avait une affection particulière pour ces tickets odorants qui lui ouvrait les entrailles de la terre. Leur odeur d’encre et de poussière l’émouvait. Elle aimait à les voir poinçonner par ces hommes et ces femmes aux yeux baissés, qui d’un coup sec du poignet, perçaient en deux notes sèches et crémeuses à la fois, qu’elle vivait comme un déchirement voluptueux, le carton fragile du billet. Chaque jour le fer qui déchirait le papier tendre lui mettait au front et sur le dessus des lèvres quelques perles de sueur chaude; entre ses rondeurs qui se crispaient en frissonnant, courrait une caresse à peine ressentie, douce, qui lui embrasait les sangs en eau. Quand le poinçon se tut, rouilla, ses chairs se rétractèrent. La mort tapie au coin de son ventre lui mordit les entrailles. Elle pourrit et mourut en quelques mois, seule, sous le regard rougeoyant de la camarde à l’ouvrage …

COMME LA VIE …

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

 

Comme la glace

Aux rayons ardents,

Qui fond

Sous tes pieds fourchus.

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Comme le chien

Chassieux de misère,

Qui jappe,

Pleure et supplie.

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Comme la crème

Acide et tiède,

Qui crame

La peau de tes petits matins.

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Comme le rai

De lumière noire,

Qui crève

Tes volets blancs.

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Comme la main

Précise à pleurer,

Qui s’égare

Sur tes sables.

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Comme le caviar salé

Des nuits éclectiques,

Qui craque

Sous les chicots cariés.

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Comme le croco péteux

Enfoui dans la vase,

Qui finit

Dans ton sac merdeux.

———-

Comme les putes

Aux longues jambes,

Que baisent

De gros bouseux.

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Comme les asticots velus

Tout au fond de ton cul,

Qui vomissent

Ta vie de chienne farcie.

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Comme la haine rouillée

A genoux à tes pieds,

Qui rugit

Et maudit ta vie.

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Comme la baleine bleue

Découpée sur la dune,

Qui chante

Et pleure à la lune.

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Comme le pal dressé

Au cul de Torquemada,

Qui attend

De cracher son foie.

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Comme un cœur déchiré

Par une vie sinistre,

Qui prend

Ton ventre pour une église.

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Comme un abbé obèse

A lécher les poêles,

Qui s’encule

Une nonne jusqu’à la moelle.

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Comme un crucifix accroché

Au flanc de la salope,

Qui s’accroche

Et rit au vit de la vie.

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Comme un chat dépiauté

Par un aveugle châtré,

Qui pend

Mou comme un gland mort.

———-

Comme la vie morbide

Figée, puante,

Qui t’éclate

La tronche à longueur de karma.

———-

Allez, va te faire mettre

Cette prothèse de hanche,

Qui te traîne

A la mort, pauvre tanche.

———-

Que le cul de ta mère

Soit à jamais maudit,

Et que ce con d’Apollinaire

Te conserve dans l’alcool

De ses foutreries inutiles …

 

COMME DES LOUPS …

1385913_10200733539046343_1223730120_nSous le regard de La De.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

On va se coucher?

———-

Tu me parleras à l’oreille,

Je me tairai,

Énamouré,

Muet comme un boa,

A la langue arrachée,

Caresserai ton bras,

Tu me regarderas dans le noir,

Nous mangerons l’espoir,

Te rapprocheras, jusqu’à

Toucher mes lèvres,

Du bout des tiennes,

Gorgées, tendres et pleines,

Je sentirai ton souffle tiède,

Le vent dans la pinède,

Les fragrances rosées des oueds,

Entourés de palmiers,

Où blatèrent les chamelles

Aux grands yeux fatigués,

Ivres de dattes sucrées,

D’épices, de délices,

De cannelle et de fruits

Aux grains rouges et juteux,

Le parfum de ta peau,

Pâle comme lune d’opale,

Ta langue humide

Effleurera ma bouche,

S’insinuera doucement, amoureuse,

Je ne bougerai pas, te laisserai jouer

Sur mon visage,

Dans l’ombre chaude du lit

Tes mains courront sur mon torse,

Tes doigts frôleront, pinceront,

Doucement, pétriront,

Ferons ce qu’elles voudront,

Qu’aussi je voudrai,

Et moi, silencieux jouerai,

A te voir ainsi jouer,

Dans le noir absolu

De cette nuit épique,

Belle nuit d’amour vivant,

Et tu te hisseras

Sur moi, m’envelopperas

De tes chairs chaudes,

Tes yeux au ras des miens,

Mystérieuse, tu ne souriras pas,

Tu auras l’air grave

Des amours si longtemps attendues ….

———-

Je me délecterai à être ta chose,

Confiant et doux

A ta merci,

Charmante torture, d’avoir à me taire

Sous ta bouche goulue

Aux dents de louve folle,

Tu onduleras

Comme une fleur au vent,

Me diras à l’oreille des choses ignobles

A coups de grands mots doux,

Rauques et fous,

Tu m’engloutiras

Dans tes abîmes étroits,

Seul j’y nagerai

La danse de la joie,

Tes hanches s’épanouiront

Comme des marshmallows,

Tu fondras, serreras

Entre tes cuisses fermes,

Mes hanches, les miennes

Seront les tiennes,

Tes mains se crisperont

Sur mes fesses durcies,

Saisies, pétries.

———-

Comme jamais, j’aurai senti

Ta force, ta faim, ta vie,

Comme jamais plus j’aurai joui.

———-

Tu seras ma maîtresse,

Et celle du jeu tendre

De nos corps, exaltés

D’avoir dû tant prétendre,

Tu aspireras

A me dire ta joie, quand

Sous tes seins épanouis,

Tu sentiras mon corps

Se tendre, et faire l’arc-en-ciel,

A te soulever,

Et je m’enfouirai jusqu’à la garde,

Cracherai au visage de la camarde,

Et tu m’avaleras à ne plus me lâcher,

Tu voudras me manger, me mâcher,

Enfin, nous jouirons comme des loups

Affamés par tant de disettes,

Et nous nous parlerons aussi,

A voix de velours sablé,

A voix tendre, un peu cassée,

Un peu brisée, un peu salée,

Tu me diras : Enfin l’amour j’ai fait,,

Je t’ai absorbé, digéré, exsudé,

Comme une goule drôle,

Mes reins s’en souviendront

Jusqu’à la fin des temps,

Je suis à toi, et tu es mon amant,

L’amant de mon âme,

Et je suis l’âme de la femme de l’amant.

———-

Nous jouirons comme des loups,

Nous nous illuminerons comme à Noël,

A exploser le cul du Père,

A en perdre nos repères,

Nous jouirons comme des cratères,

A faire pleurer la terre,

Nous jouirons comme des loups,

Jouirons comme des loups,

Comme des loups,

DES LOUPS,

Hurlerons comme des fous,

A la mort de la souffrance,

Ivres de nos fragrances,

Arracherons le bleu du ciel,

Étoufferons les hirondelles,

Éventrerons la peur,

Étrangleront la mort,

Entre nos cuisses jointes,

Et nos corps soudés,

Aspirerons à ne plus nous quitter,

Crierons à nous briser,

Desquamerons nos peaux,

Pleurerons de plaisir

Rugirons comme des lyres

Déchirées par la tempête

Des amours électriques

Qui piquent.

———-

Et le désir intense

Consumera nos os …

———-

Et je hurle à mon sort

Dans le noir de ma nuit,

Seul,

Comme un homme, un fantôme

Maudit,

Je dors avec la mort …

ET RON, ET RON …

 

 

1380004_10200730257844315_973619571_nIllustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

 

Il pleut, il pleut bergère,

Et ron et ron,

Pauvre petit con,

Il pleut, il pleut bergère

Jusque sur tes nichons

Tout ronds,

Jusque sur tes pompons

Grognons, Lison …

 ———

Sur la grève allongée,

Ma fée, ma fée,

Toute chamboulée,

Tu planes toute éveillée, veillée,

Entre tes jambes entrebâillées,

Te voilà toute mouillée,

Tralala, tralalère

Il pleut, il pleut Bergère …

———-

Alors tu te relèves,

Quand ta lune se lève, lève,

Le vent sur la grève,

Voilà qu’il a soufflé, soufflé,

En rafales frissonantes,

Douces, fraîches, elles filent,

Entre tes lèvres l’alguazil

N’a pas pu se cacher, Armante …

———-

Au loin, trop loin,

Et tsoin et tsoin,

Il court, il court, le furet,

Le furet du bois rasé,

Il est parti dans son lit, son lit,

Se coucher, pauvre abruti, meurtri,

Sa pelisse toute lisse,

Et tes yeux d’améthyste, tristes, Clarisse …

———-

Ainsi va la bayadère,

Lalère, lalère,

Ronde comme un gruyère,

Et ses pompons renflés,

Pleurent de tout leur lait,

De tout cet amour gâché,

Olé, olé,

Sur le sable abandonné, Circé …

———-

De Nantes à Montaigu,

La digue, la digue,

Poires, melons et figues,

Font la ronde, en chantant,

Tout autour tirecul, tirecul,

Le pèlerin au dard aigu,

Trace la route, seul et nu,

Ah ! Ta coquille fessue, Lulu ..

 ———-

A ta claire fontaine,

Ma reine, ma reine,

A se désaltérer,

Tête basse et poings serrés,

Il ne peut que hurler, rêver,

Alors il tourne et vire,

Elvire, Elvire,

Comme un raton rôti, Lili …

———-

Il pleut, il pleure bergère,

De lourdes larmes amères,

Qui roulent sur tes flancs,

Jusqu’à mon cœur si blanc,

Ô ma lyre, tralalire,

J’ai vécu le martyre,

Un mirage, un respir,

Au revoir les soupirs, Elvire …

———-

La morale de cette histoire,

La poire, lanloire,

C’est que le temps perdu,

Glandu, glandu,

Des amours illusoires,

Ainsi font, font, font,

Pommes, pêches, citrons,

Est tombé dans la glu, Ciguë …

 

PAUVRE LAPIN FOOL …

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Un câlin cool

Avec un lapin fool

Qui rit en silence,

Te pousse et se lance

Entre tes reins,

S’en va et s’en vient,

Fleurit son romarin,

Sur le jasmin

De tes seins …

———-

Et ta bouche de houri

Se pose sur ma main

Griffe, gratte

Et grogne, rogne

Sous le bout de ma gratte,

Voluptueuse ratte,

Et voilà que ma pogne

Caresse la souris

Sans attendre demain …

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Tu roules et tangues,

Sur ma langue

Tu t’ébroues,

Te rebiffes

Et me secoues

A grands coups,

Quand j’ose

Pousser la chose

Jusqu’au bout …

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Sur tes seins ronds

Qui baillent à la lune,

Accrochés à ma hune,

Deux pompons roses

Clignent des yeux,

Quand je crie et houspille,

Je frémis et tressaille

Tout au fond de tes entrailles

Moi, la dernière des racailles …

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A fendre ta broussaille

Je m’évertue, dans ma glu

Scintillent les étoiles,

Dans tes yeux qui se dévoilent,

Sale gueuse dépoitraillée,

Et les melons tressautent,

Mûrs, au jardin des rocailles,

Alors, je te regarde au fond,

Et ripaille pour de bon …

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 Tes pompons tout énervés

Se mettent à gonfler,

Fragiles, et tout enflés

Comme deux baudruches

Ballantes au ciel d’été.

Tu es mon autruche

Aux plumes tremblantes,

Ma belle énamourée,

Et ta peau de perler,

Fille de peu, ma fée …

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Je t’aime à en crever …

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Sur la grève déserte,

Je me suis réveillé,

Mon cœur à marée basse,

Sinistre connasse,

S’est arrêté,

Le sable l’a grippé,

Et ton corps d’organsin,

Tes hanches de bonasse,

Et tes reins, ton cœur, tes seins,

Se sont envolés …

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Et roule la houle,

Pauvre lapin fool.

A SE CREVER LE FION …

Dans le creux de tes hanches

La clarinette pleure,

Passe le temps,

Sonnent les heures …

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 Haendel, au moins,

En pleine sarabande,

Susurre si loin,

Las de t’entendre …

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 Sur la grève de nuit,

Dans le vent tiède,

Les flots marris,

Caressent ta pinède …

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 Invisibles et lents,

Dans l’ombre de la lune,

Planent les goélands,

Qui rasent la dune …

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 Le cœur à l’arrache,

Les chairs à pâmer,

Pleurent des haches,

Larmes rouillées …

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 Crèvent les yeux,

Saigne la lune,

Tout autour d’eux,

Sinistres lagunes …

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 Triste à périr,

Cœur à vomir,

Décolle mésange,

Viens t-en bel ange …

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 Ailes déployées,

Coeur en collier,

Libère toi,

Vole, crache ta joie …

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 Sur les pentes arides

Des volcans en furie,

Agrippe la bride,

Oublie les cris …

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 Renverse les montagnes,

Et tes frusques au feu,

Quitte ce bagne,

Arrache toi les yeux …

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 Sous la peau bise

Rôde la mort,

Le cœur se brise,

Se fanent les ors …

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 Ce soir la mer d’argent,

Ondoie sous la risée,

Comme les cœurs changeants,

Et les rêves brisés …

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 Pauvre Martin

Qui hurle et geint,

Pauvre chouette,

Sous sa couette …

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 Alors, de toutes parts,

Blêmes et épars,

Ils hurleront,

A se crever le fion …

TA HANCHE, HUMIDE DE MA JOUE ….

Dans le creux de ta hanche,

Le grand tournesol

De ma vie folle,

Dans l’ombre de ta hanche…

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Dans le creux de ta hanche,

Mes nuits passées

A te rêver,

Dans le grain de ta hanche…

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Dans le creux de tes hanches,

Mes mains serrées

Comme des crochets,

Dans le deuil de tes hanches…

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Dans les creux de ta hanche,

Coulent les larmes floues

D’un oiseau fou,

Dans les plumes de ta hanche…

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Dans le creux de tes hanches,

La bile verte,

D’une vie qui se vomit,

Dans le linceul de tes hanches…

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Dans le creux de ta hanche,

Les humeurs tièdes

Des amours blettes

Dans le spasme de ta hanche…

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Dans le creux de ta hanche,

Mon lent désir,

Comme un zéphyr,

Sur la peau de ta hanche…

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Dans le creux de ta hanche,

La pente douce

Des pamplemousses,

Dans le val de tes hanches…

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Dans le creux de ta hanche,

Les grains qui coulent

Comme une semoule

Dans le creuset de ta hanche…

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Dans le creux de tes hanches,

Les sanglots lourds

D’un amour fou,

Dans le calice de tes hanches…

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Dans le creux de tes hanches,

Les eaux fortes

Des amours mortes,

Dans la coupe de tes hanches…

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Mon coeur se vide

Entre tes hanches,

Dans la nuit blanche…

A l’abri de tes hanches…

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Dans le creux…

Au fond de…

Dans..