DOMAINE VACCELLI. GRANIT 2011.
Une terre cette île, la Corse, un socle, un conglomérat de pierres plus souvent dures que tendres, avec son granit et ses variantes sur les deux tiers sud et sud-ouest, ses schistes cristallins majoritaires au nord-est, tandis que les couches calcaires en occupent grosso modo le cœur. Les sédiments qui recouvrent les dures assises de l’Île, associés à la puissance du soleil rafraîchi par les vents de mer, sont comme une peau, riche, souple et nourrissante, sur laquelle la nature étale ses beautés. L’Île est une mosaïque de couleurs infinies, elle est riche d’essences diverses, de flores multiples, de forêts, de maquis épineux, de rondeurs fleuries et de vallées profondes. Sous les vents, les parfums de la terre se mêlent à ceux de la mer. Vue du ciel, la Corse vogue, comme une pierre précieuse aux reflets chatoyants, à la dérive, pourtant immobile sur le cobalt de la méditerranée capricieuse.
A vol d’oiseau, Ajaccio le vieux est à 10 kms environ du Domaine Vaccelli. Au sud de l’appellation Ajaccio, bordant la vallée du Taravu, 25 hectares de vignes, éparpillées en coteaux sur arènes granitiques. Un domaine créé en 1962 par Roger Courrèges et perpétué par son fils.
Granit rouge 2011. Une étiquette sobre, à rebours des modes insipides. Noir sur blanc, comme le reflet d’un orage menaçant sur la roche, les roches, de cette Île, singulière et multiple. A la fois sauvage, rude, douce et inquiétante.
Sous le verre, le vin – 95% sciaccarellu, 5% nielluciu, élevés en demi muids et œufs béton – me regarde, énigmatique. Comme un œil au fond d’un puits noir. impénétrable. Carafé longuement, le vin a respiré. Dans le verre, sa robe est rouge rubis, brillante, aux reflets changeants, tandis qu’elle danse, tournoie, souple comme une fille au bal, à l’invite de mon poignet.
Elle tourne la belle, à faire bâiller son corsage d’où s’échappent d’invisibles parfums. Les baies rouges, la fraise écrasée, le cassis, la cerise mûre, la canneberge, la prune. La figue, enfin, qui est à la Corse ce que la betterave est au Pas de Calais. A virer et à volter ainsi, la belle a chaud. Elle passe aux senteurs fortes. Le maquis s’invite, avec ses herbes aromatiques. Les épices douces enfin, le cade et l’origan. Fugace, une pointe d’iode. Sur l’Île, la mer n’est jamais loin. Alors le rouge me monte aux joues.
Au fond du verre, le vin s’est calmé. C’est maintenant un lac circulaire, aux rives rubis foncés, au centre insondable. En bouche c’est la fraîcheur en premier qui se donne, bien loin de tous les poncifs attachés au caractère sudiste des vins de soleil.
Il est temps de plonger dans les eaux sombres du lac. A défaut d’y nager – l’imaginaire a ses limites – je m’en vais, du moins je l’espère, m’y rafraîchir les papilles. Les eaux grenâtes sont à température. J’entrouvre les lèvres. Elles me pénètrent. Une vague, fraîche tout d’abord, qui m’explore plus que je ne l’analyse. Docile, je la laisse s’étaler, se déplier, inonder ma bouche. Flux et reflux donnent le rythme, la vague roule, se déploie, se réchauffe, puis enfle, prend un volume nouveau, jusqu’à ce qu’elle veuille bien s’ouvrir et me régaler. Le soyeux de sa matière s’étire délicatement. Un jus de velours. Puis c’est une purée de fraise écrasée qui caresse mes papilles, accompagnée de fruits rouges juteux. Et toujours cette fraîcheur qui les exalte. La cerise au kirsch et son noyau s’extraient ensuite, ce qu’il faut. Sans excès, ni volonté de domination. Bien au contraire, cerise, kirsch et noyau se marient à la purée de fraise, de cassis et de prune rouge. Mais, point de vin sans son armature. Derrière les épices qui exhaussent les fruits, les petits tannins frais, denses et enrobés, sont à la chair du vin ce que le squelette est à l’athlète. Ce tout jeune espoir n’est qu’à l’aube de sa carrière.
A l’avalée il aspire. Alors j’y consens, presque à regret. Le cerise, son noyau et son kirsch, la légère amertume du thym, persistent longuement. Le réglisse de ses tannins tapissent mon palais. Au bout du bout de sa longueur, la figue en point d’orgue …
Sous mes paupières closes, je ne sais pourquoi, quelques paysages de Bourgogne défilent.
LA MER EST BLEUE DE SANG.
La marine folie folle de La De.
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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné – ©Tous droits réservés.
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Mon cœur a sonné le gland, la cloche, le glas,
Amours à la guerre, à violences égales,
Et le sabre qui tranche, le phallus aux abois.
La tête échevelée, la fleur et ses pétales.
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La mer est bleue de sang, marée haute, marée lasse
A nager dans l’horreur, à glisser, se vider
Aux entrailles de la terre, la fureur se fracasse.
Les algues sont gluantes de tous les pleurs hurlés.
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Tout au creux des boudoirs, entre les linges fins,
Sous les soupirs des corps, les grands yeux de saphir,
Les chairs indistinctes, les dunes aux draps de lins.
La tempête a faibli, vient le temps des zéphyrs.
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Et mon corps explosé, mon âme aux gynécées,
Et la terre a saigné, les os ont soupiré,
Entre les cuisses molles des amants épuisés
Coulent des eaux dolentes et la pulpe nacrée.
BAFOMETHOS ET DAMONA.
Tomasz Alen Kopera.
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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné – ©Tous droits réservés.
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Ummo était livide ou radieuse. C’était selon. Ummo n’était pas une planète ordinaire. Elle était autre chose, ni ronde, ni carrée, ni rien que puisse traduire le vocabulaire d’aucune langue articulée. Le plus souvent Ummo n’était pas. Il fallait que deux âmes s’y matérialisent, enfin que deux essences y prennent apparence, ou plutôt forme visible, pour que Ummo soit. Ummo est le miroir des âmes.
Bafomethos et Damona prirent corps ensemble. Alors Ummo se fit grise, Ummo avait le sens de l’équilibre, un gris sale, un gris qui pue la peste, la malédiction, la quintessence de la cruauté, le comble de l’horreur, le nec plus ultra de l’abomination. Ils arrivèrent, se matérialisèrent, ensemble, ou plutôt concomitamment, mais l’un sur une face de Ummo et l’autre sur l’exact avers.
Bafomethos était tissé de filaments rouges, lâches comme un tissu fin mais grossier. Derrière cette apparence, il n’était que masse informe, il ne ressemblait à rien, mais on aurait pu voir pulser des ondes lumineuses, d’intensité variable, selon son état de conscience. Des brillances qui tournoyaient à l’intérieur de son enveloppe, terriblement aveuglantes, des flux de couleurs crues qui chaloupaient parfois, s’échappaient du corps pour se projeter dans tous les sens, détruisant tout ce qu’elles touchaient. Les pierres noires volaient en éclat, les lacs immobiles aux eaux grises moirées de laques vert bronze, s’asséchaient d’un coup, les rapaces, aux corps en-cuirassés qui volaient dans le ciel de mercure en fusion, étaient désintégrés. Bafomethos hurlait sa haine, et son hurlement lugubre, de jais ardent, résonnait dans l’espace. “JE SUIS LE FLÉAU DES FLÉAAAAUUUUX” braillait-il de sa voix de métal en feu. Mais Ummo est plastique, tout ce qui y est détruit se reconstitue instantanément sous une forme légèrement différente. Le “M en U”, omniscient, avait tout prévu. Ummo est le grand Pandémonium, le lieu des expiations. Toutes les âmes viennent y déverser, le plus possible, les atrocités, les monstruosités, les infamies et autres exécrations accumulées au cours des vies traversées depuis l’origine. Ummo est la grande poubelle, le grand crématoire du “M en U”, l’athanor primordial et final.
Or donc Bafomethos fulminait, éructait, se vidait. Et souffrait inimaginablement.
Damona planait au dessus du sol irréel, ou plutôt lévitait sur une surface changeante. Un tapis mouvant, une bouillie de matière aux atomes distendus, qui n’aurait pas supporté le poids d’un moucheron terrestre. Damona, elle aussi, était une somme d’énergies colorées, à peine contraintes par une fine résille verte qui lui dessinait un corps féminin, hésitant, presque familier. La résille, quasi fluorescente, délinéamentait une silhouette svelte, au visage aveugle, strié de cirres délicates, des épaules étroites, aux bras très longs dépourvus de mains, aux hanches balancées comme le sont les amphores crétoises, au buste gracile décoré de deux éminences épanouies, deux demi-sphères galbées, elle mêmes surmontées de deux boutons rouge sang qui se dilataient régulièrement. Elle était à nu dans tous les sens du terme. Elle volait donc, et lançait autour d’elle de longs jets d’énergie colorée, dans les tons pâles, soleil de Vermeer, azur de printemps, gorge de tourterelle, tendrement caressantes. Le paysage était vert d’eau, tendre, doux, on pouvait distinguer de grandes étendues vallonnées, jaune d’or, ambre moyen, et maintes autres déclinaisons apaisantes. On apercevait encore, par endroits, de petits monticules de pierres précieuses qui étincelaient sous la lumière filtrée du ciel couleur blanc d’Espagne.
Or donc, Damona planait au hasard des vents de Ummo. Et les deux êtres se rapprochaient.
A l’autre bout de l’infini, le petit prince observait attentivement la scène, car ce moment de vie là était capital dans le cycle d’évolution de ces deux âmes qui cheminaient, presque toujours ensembles, depuis plus de huit millénaires. C’était un passage obligé, une catharsis nécessaire pour qu’elles puissent enfin passer des affres à la lumière. Surmonteraient-elles l’épreuve ou exploseraient-elles en milliards de grains de poussière neutre, d’atomes, qui retourneraient se perdre dans l’indistinct de la soupe galactique ?
Soudainement la géographie de Ummo changea. Bafomethos et Damona étaient à vue l’un de l’autre. Le paysage afficha toutes les possibilités de gris. Le ciel se fit de perle, le sol se marqueta de nuances d’argent, de tourterelle, de chinchilla, de souris, d’acier qui brillait sourdement, d’ardoise, d’anthracite, de taupe, d’argile, de Payne et de tourdille. Seules quelques collines résistèrent et gardèrent leur manteau noir d’enfer, impénétrable, un noir de refus, de rage, de désespoir. Quelques éclairs rouges zébraient le firmament. Par vagues. Dans les hauteurs du ciel tamisé, le gris perle dominant, comme une éponge invisible, filtrait les rayons d’un petit soleil timide qui éclairait la scène d’un halo jaune saumoné. Tout cela était très beau, harmonieux comme la palette d’un peintre triste. On eût cru voir un décor de théâtre, au sein duquel on eût pu imaginer les déambulations fantomatiques de Phèdre, Antigone, Médée, Circée, Stratonice ou Cléomène.
Les deux êtres s’arrêtèrent, Bafomethos se tut, ses énergies pâlirent, sa résille orangea. Damona vacilla un instant, son réticule fonça, ses énergies tremblèrent subrepticement, une longue langue de feu bleu pervenche s’échappa de son enveloppe, s’arrêta un instant au-dessus de Baphometos, puis s’enroula autour de lui, comme une caresse musicale, de plume et de soie frémissantes. Le mâle prit forme, la masse brute s’affina, d’orangée sa fibre passa au bisque, ses énergies s’adoucirent, gardèrent leurs couleurs, mais devinrent pastelles. Debout sur deux jambes puissantes, bras ballants et tête baissée, l’entité devenait corps, elle émettait un son grave, comme la plus basse note d’un saxophone contrebasse, une note caverneuse, mais avec ce qu’il faut de vieux cuivre pour lui donner du velours. Puis Baphometos s’ébroua, ses couleurs reprirent une intensité violente, ses bras s’agitèrent, décochèrent des salves brûlantes de byzantium, d’indigo, de magenta, d’alizarine, de sang de bœuf et de pourpre, qui effacèrent le bleu tendre de Damona. Il hurla sa rage brune comme un cor des Alpes dans la brume. Le paysage blêmit et disparut. On eût pu croire que les deux âmes balançaient dans l’espace sans limites, Ummo semblait s’être éteint.
Le petit prince, soulagé se redressa, et souffla doucement. Il avait remisé sa canne, son fil, son bouchon de diamant, son hameçon d’or natif. En arrière plan le “M en U” englobait les espaces infinis. Le petit prince se retira en prière, hors des mondes matériels perceptibles. Le zéphyr créateur, l’expir du “M en U”, traversa l’espace jusqu’aux âmes éprouvées des deux êtres à l’arrêt. Ils reprirent vigueur. Ummo revint. A l’identique. Et Damona vomit de toute sa force. Des flammes de violence pure, une éruption de vulgarité extrême, accompagnée de mots orduriers, s’abattirent sur Bafomethos, comme une pluie d’huile brûlante tombée de tous les remparts qu’ils avaient connus, de toutes les géhennes, de toutes les trahisons, de tous les meurtres qu’ils avaient perpétrés ou subis. Baphometos disparut sous une avalanche de bistre fumant, de bronze fondu et de bitume enflammé. Alors il se mit à pleurer comme une guimbarde rouillée. De grosses larmes d’obsidienne sourdaient de sa résille, et formaient autour de lui un lac d’eau de ténèbres que le sol spongieux de Ummo avalait aussitôt. Petit à petit, il prenait des couleurs proches de celles de Damona, la Damona qu’il tentait d’aimer depuis si longtemps. Celle-ci, épuisée par tant d’efforts, s’agenouilla, elle chantait maintenant comme une harpe céleste sous le vent. Ummo prit des couleurs, un camaïeu harmonieux, un pastel de tous les arcs-en-ciel des mondes. Ummo prenait vie.
Le petit prince, qui n’avait pas oublié l’enfant joueur qu’il avait été au début du commencement des commencements, leva le pouce d’un air espiègle. Le “M en U” ne sourit pas, mais sa chaleur bienfaisante fit comprendre à l’enfant divin ce qu’il avait à connaître. Mais la musique des sphères ne résonna pas. Plongé dans sa Divine méditation sans fin, le “M en U”, en création constante, fit clignoter un instant l’étoile polaire. Très loin sur la terre, on pouvait entendre murmurer la mer.
Puis Ummo s’effondra comme un château d’étoiles, Baphometos et Damona se délitèrent, puis disparurent. L’espace les avait avalés, dépliant à nouveau sa toile immensurable et impénétrable.
Les âmes continuaient leur chemin. Quelque part, perdues dans l’ailleurs.
LA MAISON EST DÉSERTE.
La De fait son bestiaire.
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Dans son trou la souris, grise d’avoir trop bu,
A roté, titubé, les moustaches affaissées,
Le ventre distendu, comme une chambre à air,
Son poil est tout pelé mais son ventre velu.
C’est une souris grise, d’un ballon elle a l’air,
Son museau est flétri, ses yeux presque fermés.
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Dans le salon, pattes gantées, un kangourou
Repasse une chemise. A ses pieds ses petits
Font une ronde folle. Une vraie carmagnole.
Et le boxeur s’applique, plié sur ses genoux,
A lisser sa casaque, effacer tous les plis,
Au bal des champions roux, il ira faire sa folle.
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Le lapin du jardin s’active à la vaisselle,
Il frotte comme un fou, sous la mousse disparaît,
Les oreilles dressées, il fredonne un Cantique.
Son poil est détrempé jusque sous les aisselles,
Heureux, il chante, en sol, en la, en mi, en ré,
Si fort, très faux, à faire fondre l’antarctique.
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Dans l’évier exigu, un crocodile pleure,
Le lapin fesses rondes ferait bien son affaire,
Mais ses griffes glissent sur la céramique blanche,
Il croque une cuillère tâchée d’un peu de beurre,
Démolit un faitout de métal et de fer,
Se casse deux trois dents en moins d’une demi-heure.
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Un dinosaure ailé s’endort dans un fauteuil,
Il rêve d’être une fleur, au pire un papillon,
De boire du whisky, de fumer des cigares,
De faire des discours pour un sénateur con,
De trousser des guenons dans un hôtel d’Auteuil,
Le fauteuil écrasé hurle comme un plumard.
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Houlala, houlala, grogne un grand vautour
Perché en équilibre sur la bibliothèque,
Son haleine fétide a tué la souris,
Le kangourou tout roux a tourné tout autour,
Le lapin pas malin en a le poil tout sec,
Le dinosaure s’en fout, d’un coup il l’estourbit.
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Un babouin aux longs bras s’est habillé de neuf,
Bas résille, string à pois, cul rasé, œil brûlant.
Échappé du cauchemar d’un ivrogne, écroulé
Sur le zinc d’un bar à côté d’un jeune veuf.
Le grand singe au mirage équipé d’un gros gland.
La folie et les rêves, la peste et le pourpier.
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Dans la plaine du salon, rampe un long beau boa
Indolent, insolent, comme une force vive.
Il a vu le lapin, le kangourou va suivre,
Mais Dino s’est levé, sa grosse patte de bois
Écrase le constrictor. Pressé comme une olive !
Le zoo est complet, ne manque que la vouivre.
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La poupée de Rosine se coiffe les cheveux,
Se met du rouge à lèvres, boit un peu de thé vert,
Fait bouffer sa jupette, met du rose à ses joues,
Chante un air d’opérette, mais que cet air est doux.
Autour d’elle dans la chambre, la lumière réverbère,
Sur les vitres polies, le reflet des heureux.
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Sous la couette, un scorpion à demi affamé,
Ses mandibules claquent, le grand lit est désert,
Il déclame des poètes que nul n’a jamais lus.
Il s’équipe et s’en va, vivre en d’autres contrées,
Un courant d’air subît, par la fenêtre ouverte,
Le jette dans la gueule d’un molosse mafflu.
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Rosine ouvre la porte, elle revient du marché,
La maison est déserte, elle se met à pleurer.
A L’ENDROIT, A L’ENVERS …
Sous le regard quadrangulaire de La De.
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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné – ©Tous droits réservés.
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Dans la pénombre de la lune,
Ombres portées, à la renverse,
Quand la musique me berce,
Terreurs fragiles, au bout des cils,
Mon sang pulse au long des rives,
Et suis si pâle, moi, pauvre endive,
Accroché au mirage tremblant de ta hune,
La houle me prend, me fend, lueurs graciles.
Perles de feu, roses fanées, lèvres gercées.
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Mon viagra blond, tout rond, tes yeux pervairs.
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Tu soupires. Au profond du désir,
Les fruits gorgés, là, allongée à gésir,
Gésier gonflé, chairs de ma vie,
Offerte, lasse, au creux de la nuit,
Qui luit. Maudit. Sur l’écran blanc
Du jour d’opale, volets blanchis
Tes yeux soyeux et se love ton Louvre
Sur ma bouche. Le silence bruyant de ma louve,
Je suis le fou des charmilles ensoleillées.
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Ma via dolorosa, mon la aux yeux de verre.
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Notes d’eaux claires, roulent en l’air,
Lacis gris, reflets dorés, gonflent les chairs,
Le monte en l’air, bandé, prêt à frapper,
Se glisse, lisse, rose, exacerbé,
Entre les plis froissés, ensommeillés,
Ronsard veille, au loin le coq a pleuré,
Les étoiles s’éteignent, le jour délivre,
Les cauchemars quittent les rives de givre,
Ta main s’active, lascive, cœurs desquamés.
—–
La danse lente des fentes, à l’endroit, à l’envers …