RESPIRE LE VENT COURANT.
Quand La De tourneboule.
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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné – ©Tous droits réservés.
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Je ne suis pas et je suis à la fois,
comme une histoire de foi et de fous
dans les villes là-bas, si lointaines et si proches,
nom de Dieu toutes ces cloches,
elles sonnent à mort dans le vent !
Regarde donc le ciel si désert et si beau
et ces eaux d’encre berçante,
à reverdir les âmes inquiètes et les esprits chagrins.
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Respire le vent courant,
les parfums obscurs des chiens errants,
les effluves des meutes derrière les cerfs saignants
le soir au charbon des lisères,
Et les serments ardents des vautours perchés
sur les flancs crevés
Des moutons dépecés accrochés aux rochers
des montagnes de pierres et de cairns croulants,
les feulements puissants des crinières hérissées,
les griffes déchirantes, les peurs implorantes,
Et la furie masquée des danseurs empourprés.
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Mais n’oublie pas là-bas
les eaux lourdes des fleurs en pleurs,
les sourires éclatants des enfants mille dents d’ivoires et de perles,
et les soies salées
des grands lagons au petit matin levant.
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Touche et caresse du bout de tes doigts absents,
le chocolat chaud des goûters d’antan,
le tissu rêche des revêches à confesse,
les écailles lisses des tortues vertes
les éventails déployés des gorgones rougissantes,
la splendeur des ombres
le soir finissant,
le rosé veiné de deux seins frémissants.
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Et les comètes lentes,
Au tombant des planètes,
La musique des sphères aux confins des espaces,
le magie délétère,
le fer et les éthers,
L’antre des monstres pairs
et la splendeur des mers,
Et le cristal de roche enfoui sous les glaces.
Le soleil est absent,
il est tombé si bas.
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N’oublie pas.