Littinéraires viniques » 2016 » octobre

STILL ALIVE AFTER LA SAINT VIVANT…

Maxwell Armfield. Faustine.

—-

 Romanée Saint Vivant 1998.

Le nom du vin, déjà est un monde.

Dans le verre, un pur rubis pâle et lumineux.

C’est un voyage dans l’imaginaire auquel ce vin convie. Un voyage dans l’Androgynie des origines, au pays de la Romanée, le Roman «Roman» de Romane, au pays de Saint Vivant de Vergy, l’abbaye Médiévale en laquelle œuvraient sans doute de solides tonsurés – amateurs de chairs et de vins, ripailleurs et mystiques – traversés par les énergies puissantes de la terre et les intuitions subtiles de l’âme. Un vin, élevé par Drouhin, qui porte en son nom l’union contrastée de la matière et de l’esprit. L’espoir d’un équilibre, d’une quadrature, d’un chemin sur le fil de la lame…

Il est bon de se laisser aller à rêver avant de boire.

Le nez au dessus du verre m’emporte dans les brouillards translucides du petit matin. Le nez humide d’une biche gracile se pose sur ma joue… Des fruits en foules rouges. Le premier jus qui sourd du pressoir. Parfums de vergers et de vignes. Pinot mûr qui s’écrase dans les doigts. Fragrances fines. Parfums mouillés. Les détailler car il le faut bien… Airelle, groseille et framboise délicates déposent au nez une brume odorante et fragile, qui s’enroule comme une liane parfumée aux confins exaltés de mes rêves intimes. Cerise aussi, Bourgogne oblige… Le temps semble impuissant, l’automne n’atteindra pas ces arômes d’au delà de mes vicissitudes.

Le faune en moi chantonne, subjugué par les charmes de Romane.

Le jus glisse en bouche, lisse et rond comme la hanche innocente de l’enfant. Lentement il enfle et se déploie, libérant la caresse progressive d’une matière tendre et puissante. Comment imaginer tant de force et d’élégance combinées??? L’esprit est dans la matière, il la sublime, mais sans elle il ne saurait s’exprimer… La pâte de cassis perlée de sucre croquant, comme un éclair dans un ciel d’été, exalte la chair du vin. Le jus enfle et conquiert le palais. Les papilles titillées défaillent. Chopin s’unit à George dans un final tumultueux, longuement, tendrement.

C’est le temps du Tao, de l’équilibre à jamais signifié.

UNE HYÈNE.

13902018_10206688607319328_735308085_o

Irène la hyène de La De.

—-

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—–

Irène est une hyène, une fille de la mort,

Quand elle ouvre la gueule, son haleine putride

Affole la savane, les buffles, les butors.

Les marais eux aussi ! Sous la chaleur torride,

Leurs eaux sont corrompues par les fièvres ardentes,

Quand l’innommable hyène danse la sarabande

—–

C’est une boule de pus, laide comme un prurit,

Un furoncle écarlate, une glande infectée,

La bête, avec sa bande, traque les nouveaux nés,

Les vieillards, les malades, les affolés qui fuient,

Alors c’est la curée quand le sang a jailli.

—–

Elle est basse du cul, on dirait qu’elle a peur,

Ce n’est qu’un stratagème pour rassurer ses proies,

Elle sait cacher ses crocs derrière son sourire faux

“Je suis une bonne amie, la cousine d’un roi

Un lion magnifique au regard de vainqueur !”

Dit-elle d’une voix de miel aux petits animaux.

—–

L’antilope est si vive que souvent elle échappe

A la meute tueuse des hyènes déchainées

Mais reste la charogne au ventre noir gonflé,

Les chasseuses bernées ont quand même leurs agapes

Et les mâchoires puissantes se mettent à l’unisson,

Dans la nuit étouffante ricassent les noirs démons.

—–

Dans son sommeil Irène gémit en frissonnant,

La savane est en feu, et le vent obsédant,

 Attise le foyer qui lui lèche les flancs.

Toutes les bêtes sont mortes dans la nuit embrasée,

Elle court comme une folle sous les dents du brasier,

Un buffle au mufle noir, aux cornes acérées

A croisé son chemin. D’un coup l’a éventrée.

—–

Irène atroce reine, plus que toutes mal aimée,

La lune s’est cachée, et la mort ta marraine,

D’un seul coup de sa corne, tes espoirs a fauchés.

VOUS LES GENS QUI LISEZ.

20160818_100624 (Copier)

L’arbre “Vénitien” de La De.

—-

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—–

Mon grand père avait un père et mon père aussi

Ma grand mère avait une sœur et sa sœur aussi

Ma sœur avait un frère mais son frère non point

Faut que j’arrête de me fumer des joints.

—-

Le curé a une bonne, mais la bonne non point

La bonne a un coquin, le curé sa coquine

Au presbytère le soir, les odeurs de benjoin

En volutes épaisses glissent sous les surplis.

—-

Le gendarme a une mère qui élève des nains

Son frère a une sœur, il n’est pas orphelin

C’est une nonne aveugle qui aime son cousin

Le gendarme dépassé songe à passer la main.

—-

Mon tonton a sa tontine, sa tontine gironde

La tontine a ri et tonton qui la gronde

Mon tonton en caleçon se gratte l’occiput

La tontine est vexée, et les deux se disputent.

—-

Tout là-haut le clocher amoureux de la lune

Sonne onze à minuit, les pompiers affolés

Tirent la grande échelle pour monter à la hune

Le clocher effondré est tombé sur leurs pieds.

—-

Et moi je me demande si le monde tourne rond

Je crois que je suis fou, je mange trop de mots

Des salés des sucrés, du réglisse en bandeau

Des bêtise de Cambrai à la noix de coco.

—-

Vous les gens qui lisez, ne m’en voulez pas trop.