Littinéraires viniques » 2014 » août

MOREY-COFFINET. CHASSAGNE MONTRACHET « LES PUCELLES » 2010.

Screen Shot 2012-10-12 at 1.33.59 PM

Père et fils au travail …

—–

A La Rochelle, que de courants !

Qui vous entraînent, vous jettent, à droite ou à droite, c’est selon. Vous avez beau ramer, impossible de lutter, puis ils vous reprennent, vous entortillent les palmes, et vous voilà proche des récifs, à l’occident de la baie. Sur la gauche, la plage est déserte, impossible de s’y diriger tant la mer, houleuse, vous aspire, plus encore que la dernière des goules affamées. Alors vous fermez les yeux, vous vous réfugiez au coeur de vos souvenirs … Ceci dit, j’aime la réalité des baleiniers qui bravent les tempêtes quotidiennes, des entrepreneurs, des Pmistes, des volontaires, des créatifs, des petits, des sans grades, ceux qui tirent l’URSSAF par la queue sans pour autant appartenir au monde grandissant des entubés. Les vignerons aussi, ceux qui subliment les jus, rouges ou blancs, des vignes du Seigneur. Loin des winemakers. Dans la pénombre des lounges sans âmes, la finance des actionnaires replets ricane et l’Europe immobile se mire dans les eaux glauques de l’austérité.

 Sur la plage de La Rochelle, c’est la valse à un temps.

Dans les barriques de Chassagne Montrachet, les jus de Thibault, au calme dans la pénombre des caves tutélaires que ne troublent pas les agitations du monde, travaillent en silence.

Or donc, me suis réfugié sous le goulot défloré la veille d’un des ces flacons fragiles qui dissolvent la morosité, et redonnent au ciel brouillé du temps présent, un peu de cette lumière qui caresse l’âme et rassérène les esprits peau de chagrin. Un PULIGNY MONTRACHET « Les Pucelles » 2010, à la robe de bal ensoleillée, tissée d’or et de quelques reflets verts. Besoin de virginité et de fraîcheur par ces temps miasmatiques. La Rochelle cède place au petit matin calme, à la plénitude odorante d’un verger au réveil. La grâce, l’élégance de Puligny graissent à peine les parois du verre. L’amande verte, les fruits blancs – la pêche surtout – enchantent les narines. Ne pas rouvrir les yeux, il ne me faudrait pas manque cette touche d’abricot qui s’invite à la valse. La valse à mille fragrances, au tempo affirmé, tendu comme il le faut.

Puis le tilleul, les épices et la craie participent à l’équilibre olfactif. Un bois noble aussi pour un élevage subtil et de qualité. Je vous fiche mon billet que sous les ceps, la terre fine recouvre la roche dure. Et ce nez charmant ne fait que poindre. Dans le monde du vin, l’âge ne ride pas les jus, il les magnifie.

Le jus attaque tout en fraîcheur, et la papille salive. Comme un jeune chat joueur, le vin fait la boule et roule sur les muqueuses. L’animal, quoique jeune, est tout en promesses de muscles, sa puissance est patente, 2010 est là, déjà. Puis le chaton s’étire de tout son long, reins tendus, fourrure douce. C’est le temps des caresses fruitées qui confirment le nez. S’y joint, qui perce le jus, le minéral affirmé de la craie, saline à souhait. Elle tend, allonge la perception et signe de la pointe du sabre la terre de Puligny. L’avalée, je ne puis l’empêcher, qui me réchauffe le ventre et le coeur. Au ciel, les nuages se délitent et je rouvre les yeux, le vin a disparu, s’est noyé dans les abîmes d’après glotte, pourtant, longtemps, longtemps, il berce de sa réglisse légère le berceau de mon palais. Le Thibault, patte fine comme a son habitude, aurait pu faire un bretteur redoutable !

Sur les côtes de La Rochelle le salmigondis médiatico-politicard continue …

 

QUAND ILOUÉ …

1376336_10200822463429397_1597631459_n

Sous la patte de La De.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—–

Ma Lou,

Je louche,

Quand pointe

Le bout rose

De la fleur

Au jardin.

—–

Ma Lou

Je pleure

Quand tes yeux

Si tristes

Plongent dans

Les miens.

—–

Ma Li,

Je ris, quand

Tu te peins,

De couleurs

Radieuses,

Amour coquin.

—–

Ma Li,

Là-bas au loin,

Mirage lointain,

Grenade mûre

Et hanches rondes,

Lancinent et grondent.

—–

Ma La,

Ma note,

Ma bergamote,

Tu glisses,

Réglisse,

Tu n’es pas là.

—–

Ma La,

La fourrure des chats

Allongés

A tes pieds,

Et leurs yeux jaunes

Qui palpitent tout bas.

—–

Ma Lé

Ton absence

En creux

Me brûle les yeux,

Vapeurs d’encens,

Mon cœur baveux.

—–

Ma lé,

Si fatiguée,

Aux yeux cernés

De myosotis,

De papier lisse,

Je t’ai bercée.

—–

Ma Lu,

Petit biscuit

Craquant,

Les courbes

De ton cul,

Me rongent les dents.

—–

Ma Lu

Turlututu,

Chapeau pointu,

Tête têtue,

Boule de glu,

Je suis perdu.

—–

Mon triste lot,

Roule sur les flots,

Comme un lourdaud,

Un vrai pourceau,

Vide tes yeux,

Et sombre le bateau …

MAIS T’ES OÙ MA LOU …

1148390_10200398221383611_1523551520_n

La De fait sa Chagalleuse.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—–

Mais t’es où ma Lou

Chaude, ma relou ?

Ma môme,

Mon fantôme,

Toi qui enchantes

Mes nuits blêmes ?

Ma croqueuse,

Langue de diamant,

Crocs d’étincelles ?

Mon berlingot,

Mon cacao,

Fine poudre

Sur tes lèvres humides,

Qui m’enroulent.

Ma tranche de cake,

Ma brioche, ma génoise,

Aux cuisses de turquoises,

Comme un boa autour

De mon cou.

Mon nougat très chaud,

Tu coules sur mon dos,

Jusqu’entre mes,

Tout au fond de mon,

Mon ruisseau

Ma lave,

Ma slave,

Ma salope extasiée

Mais où fourres-tu

Ton nez

Gelé …?

—–

Ma fontaine lumineuse,

Mon éblouie,

Ma suceuse galactique,

Mon velours,

Ma soie,

En moi,

Perdue,

Fondue,

Rendue.

Ma dévoreuse,

Ma berceuse,

Mon enjôleuse,

Mon éberluée,

Jamais rassasiée.

Mon amour de toujours,

Tu viens de loin,

D’avant que chantent

Les oiseaux à ma fenêtre,

Ma perdue retrouvée,

Mon âme en partition,

Ma philippine,

Mon avaleuse,

Si fine,

Que le soleil

se couche

Entre tes yeux.

Mon coeur explosé,

Comme un pêche trop mûre

Sous une dent sans amour,

Je te tuerai …

—–

Je te tiens par la gargoulette,

Et dans ta chambrette,

Compte bien me noyer.

Te serrer contre moi

Comme une rustine en chambre,

Te coller au poteau

De mes exécutions lentes,

Te faire pis que pan,

Jusque entre tes dents,

Te faire souffrir

Jusqu’au sourire,

T’empaler au profond

De ton ventre, ton con.

Te démembrer à coups de caresses,

Manger ton cul

Comme une soupe fraîche,

Et cracher tes noyaux dans le vent,

Qui souffle en tempête

Entre tes fesses ouvertes,

Comme un port salvateur,

Au rafiot que je suis,

Qui crabote, ahanant

Derrière son gland.

Mon amour crissante,

Mon crapaud,

Ma princesse

Je suis au chaud entre,

Et je t’aime,

Très à peu plus

Que le veau d’or …

—–

Que le monde dévore.

LA PIE ROUGE …

1082439_10200338544771733_1744058601_n

La Pie Rouge de La De.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—–

La pie rouge

A chanté,

Son aria

—–

Musquée.

La gouge

Fromagère

De ta croupe

Musclée

S’est affaissée.

Désossée …

—–

Au vent traître

Qui s’est levé,

Tu offres

Ton corps

Languide

Qui pèse

Sur ma vie

De suie.

La pluie,

Qui ne pleut pas,

Enrage.

Outrage …

—–

Le sang

Gicle,

Sur les terres

Désolées

De ton giron

D’albâtre.

Craquelé.

Souffle

La tempête

Sur ma peau

Ridée.

Giclée,

Olé …

—–

La fumée

Crachée

Par ta bouche

Menteuse,

M’enveloppe

Et me perd.

Je suffoque,

Comme un chat

Étranglé.

Je mêle

Mon poil

Absent

Aux mots

Rugueux

Que je crache

Au vent.

Strident …

—–

Ouvre tes yeux,

Si bleus

Qu’ils me

Désespèrent,

Cythère.

Jamais tes rives

Lascives,

Tes ogives

Furibondes,

La blonde,

N’enchanteront

Mes mains.

Rageur,

Je pleure.

Ces heures.

Furieuses …

—–

Dans les ondes

Sèches

De tes amours

Partagées,

La ronde,

Tu m’as

Déglingué.

Pimbêche,

Ogresse

De soie,

Taffetas

Pâle,

Ta peau,

Sucée,

Me glace.

Pétasse …

—–

Kriss,

Tu tues,

Tu saignes

La musaraigne.

Son ventre

Percé

Perd ses

Humeurs

Dorées,

Son miel

Gras,

Qui ne coule pas

Sur mes doigts.

Désarroi …

—–

Reste au loin,

C’est bien.

Crachin,

Venin,

Espoir

Tremblant …