UNE CHATTE.
La chatte revisitée de La De.
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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné – ©Tous droits réservés.
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Lalique est une chatte inquiétante et superbe
Ses yeux d’agate verte luisent même le jour
Personne ne l’entend quand elle glisse élégante,
Dans son regard absent se reflète l’eau des lacs
Les eaux de glace trouble qui jamais ne se rident.
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Quand les grands vents se lèvent en hiver en été
On voit comme un frisson balayer son échine
Qui court d’Egypte ancienne ou peut-être de Chine
Bastet l’énigmatique, Chuan le magnifique
Sont tous deux les ancêtres de la belle Lalique.
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Souvent la nuit tombée, elle se métamorphose
Et la chatte docile qui ronronne quand on ose
Effleurer son museau du bout d’un doigt léger
Les oreilles baissées, la queue au ras du sol
Silencieuse et terrible chasse le campagnol.
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La gueule rassasiée, les babines rougies
Les pupilles dilatées par le festin nocturne
Après avoir léché sa tunique souillée
Sur ses pattes de plumes, la queue vers le plafond
Se dandine insolente et d’un coup de rein souple
Se glisse sous le drap qui brille sous la lune
Blottit sa tête douce contre le corps tout chaud
De la belle endormie qui ronronne elle aussi.
Elle frémit de plaisir et rêve du paradis.