L’ARSOUILLE D’ARSURES FAIT SON CHARDONNAY…
Jean Fouquet. Agnès Sorel.
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Dire que j’aime le Chardonnay quand il s’épanouit sous les climats septentrionaux, oui je le dis souvent. Beaucoup de plaisir à me promener régulièrement au long des flacons frais et fruités de Jean Rijckaert, le Flamand qui fait vin au lieu de bière. Pourtant, longtemps ce cépage fut pour moi Bourguignon, sans que jamais je ne m’interroge sur ses expressions d’Outre-Burgondie. Puis le temps passa et me déniaisa, il était temps… A vrai dire le temps qui passe vous déniaise tout au long de la vie, si vous n’êtes ni sourd, ni aveugle et savez lire les signes en écoutant le vent.
A ce jour, j’avoue deux plaisirs proches et différents à la fois, selon que le raisin mûrisse aux alentours des Abbayes que tenaient les belles Abbesses à poigne ferme, qu’elles soient de Bourgogne ou du Jura. Les conjugaisons et déclinaisons méditerranéennes, pesantes souvent, ne me satisfont pas jusqu’à lors. Quant aux Chardonnay du «Monde dit Nouveau», je ne les fréquente pas assez pour oser émettre une opinion… Les ceusses que j’ai croisés m’ont repeint la bouche mais ne m’ont pas pris le cœur.
Or donc me voici face à cette bouteille d’Arbois 2005 de Jacques Puffeney, bon faiseur s’il en est, bâtie comme un flacon, intimidante comme le regard d’une femme dans une maison de librairie. Car c’est là qu’elles se regardent au fond de leur sexe, se retrouvent, se sourient, s’acceptent, s’aiment ou se détestent. Oui là, entre les piles, entre les livres, entre les pages qu’elles frôlent d’un doigt humide, le front plissé, le regard perdu aux confins de mondes étranges et familiers, à la lisière des sensibilités complices. Ah, le regard d’une femme qui se retrouve, alors qu’elle se croyait secrète, entre les lignes d’une converse, dans la chaleur douce d’une bibliothèque obscure… Comme une lumière noire qui perce un soleil.
Bon et le Puffeney dans tout ça???
Un vin à la robe blonde qui devrait plaire à cette femme qui sourit aux illusions du monde, susurre en moi le macho qui ne dort que d’une hormone. Pourquoi, je ne sais pas, mais le pressens. Claire et lumineuse donc la robe. Oui, lumière d’or tendre, mouvante comme une peau mâte et souple…
Les pommes cuites et piquées de noisettes justes grillées… d’emblée, chaudes au sortir du four. Voilà qui plairait aussi à nos mies qui jamais n’ont su résister à la chair croquante et sucrée de ce fruit de paradis charnu. Des notes exotiques de curry, mêlées de pâtisseries chaudes, ajoutent à la séduction de ce charmant – jusqu’à la dernière fragrance – Chardonnay. Au bout de l’inspiration, comme une touche de cannelle fumée qui parachève.
Certe,s il ne faudrait pas tomber dans le dithyrambe en osant une comparaison avec un grand blanc de Bourgogne ou d’Afrique du Sud (Sic). Non, non, je m’accroche aux parois hottentotes du verre pour ne pas choir comme un amateur qui aurait abusé des plaisirs de la chair du vin… Gras et fraîcheur, alliés à une toute petite sucrosité quelque peu épicée marquent l’entrée en bouche d’une, ma foi, bien belle matière… De gourmands fruits jaunes, piqués d’épices, cannelle, poivre et muscade, s’épanouissent, aguichent langue et palais de leurs séductions douces. Un peu de menthe peut être aussi. La finale n’est que moyenne, et laisse en bouche comme une idée de tanins…
Je persiste et signe, Chardonnay en Jura, en de bonnes mains, fait de beaux vins.
Mais où sont les noix? Dans l’arbre du verger, bien sûr…