Littinéraires viniques » Ganevat

PEU AVIN QUE JE MEURE …

Picasso. Arlequin.

Tous les ans, au temps de l’AVENT, Eva Robineau publie un Calendrier de l’AVIN sur son bon Blog OENOS.

Voici donc ma contribution en ce cinquième jour de l’AVIN.

Bien des choses et des goûts nous séparent …

L’addiction aux technologies, I-Phone-Pad-Pod et autres  Face Book/Tweet, la “Geekerie” par exemple !

Et aussi, peut-être, les vins que nous aimons …

La « petite » (je peux me permettre, suis hors d’âge), que j’ai connue, Evanaissante, débutante, timide, mais néanmoins déjà tonitruante, sous son sourire d’ange de la cathédrale de Reims, a eu tôt fait de tracer son chemin dans la jungle impitoyable des fondus de vins.

Dans ce milieu, haut en couleurs, qui va du blanc opalescent au rouge violacé, en passant par le rosé à peine saumoné et le clairet rubis sur l’ongle, on trouve de tout. Le spectre est large, qui va du défenseur hargneux des vins de copeaux aux adorateurs énamourés des jus aux équilibres parfois (mais pas toujours) étranges. Le monde du vin décline toutes les arômes de la passion. On y trouve d’étranges fora sur lesquels des frères ennemis s’étripent, des amateurs chevronnés, compétents et discrets, qui dégustent et publient à longueur d’années leurs compte-rendus réfléchis et longuement pesés, de sympathiques bandes d’échevelés, tombés dans le vin avant hier, qui donnent la leçon, des journalistes à la botte, ou pas, qui font leur boulot, de vieux journaleux indépendants qui ne se la racontent plus, des blogueurs poilus spécialistes du Buzz à trois balles, des blogueurs qui ont de la bouteille et de la plume, des blogueuses roses, qui écrivent sur le « wine » du bout de leurs ongles du même métal, des athlètes du vin qui marathonnent à longueur d’année, des comètes qui traversent le ciel, le temps de quelques mots mal torchés. Enfin, de tout, on trouve de tout, un peu, et parfois trop. Et même un quasi grabataire hargneux, râleur, qui fait chier tout le monde avec sa plume acide et, comme l’écrivent ses admirateurs, avec « ses mots qu’on sé même pas que ça exciste » et ses textes « emberfilicotés écris avec de la merd saiche ».

Ben oui, Mesdames, Messieurs, le monde des allumés du pinard, du jus de lièvre fermenté, des plus ou moins grands crus, des vins de copains, des adeptes de la torchabilité maximun, de la digestibilité, et tutti quanti, c’est tout ça et plus encore …

Et merci à Bacchus.

Et merci à la diversité de s’exprimer,

Et merci, ça nous tient éveillés !

Or donc, en ce cinquième jour de l’AVIN, il importe que ce soit la fête du goulot, je reviens donc au cul de la bouteille dont au sujet de laquelle je dois vous causer. Mais l’âge, en ce début d’après midi, m’engourdit, mes paupières sont lourdes qui se ferment sur le ciel si bleu de ma fenêtre, derrière laquelle les feuilles andrinoples d’un érable, en voie de « déplumation maximum , s’agitent sous la brise fraîche. Lâcher prise et m’assoupir un moment …

Rêver un peu.

Ah qu’il est bon de voler au dessus des masses de coton albuginé, sous l’œil cyclopéen du soleil déjà bas dans le ciel d’automne. Vu d’en haut le paysage est doux. Les nuages font le gros dos, leurs courbes, que la lumière rasante rosit, sont tendres comme guimauves molles. Des rires rompent le silence des altitudes, attirant mon regard. Là, plus bas, une foule disparate, versicolore, s’étale au milieux des moelleux et candides coussins. Tous s’activent et débouchent à-Dieu-va multitudes de bouteilles disparates, dont les bouchons roulent entre les plis des cumulus ventrus. Un gaillard rebondi, au visage à demi mangé par une barbe plus proche du sel que du poivre, assis sur un gigantesque siège de barbe à papa ondulant, semble officier. Vêtu d’une ample toge jaune, il sourit, ses yeux brillent de malice, il tient à la main un hanap, gigantesque à tenir un plein jéroboam. A sa droite trône un Nabuchodonosor de Léo ville Barton 1990, à sa gauche, un Mathusalem de Clos Milan 2010 « Sans Soufre Ajouté ». Il me fait de grands signes amicaux qui m’invitent à me joindre à la fraternelle bacchanale. « C’est rassemblement œcuménique » me dit-il, agitant son hanap. Je m’approche, toutes narines épatées et reconnais les fragrances élégantes des « Chamois du Paradis » 2004 du Sieur Jean François Ganevat. Je plonge les naseaux dans un verre qu’il me sert, ferme les yeux, me bouche les oreilles pour échapper aux conversations avinées ambiantes, et me repais …

Pas facile à cerner ce chamois tandis qu’il s’offre, complexe, au nez. Le caprin liquide gambade un long moment dans le verre. Il grimpe et glisse, joueur, le long des parois de verre, sous la lumière d’un soleil déclinant. Je me régale de le voir ainsi se déplier lentement. Tout en fleurs blanches, fines, subtiles, entremêlées. Diaphanes et pénétrants, les arômes embaument. Cire douce ensuite qu’un soupçon de miel arrondit. Leur succède, une alliance parfaitement fondue de citron et pamplemousse en jus mûrs. Une dernière touche timide de pierre chauffée au soleil, clôt ce bouquet parfaitement équilibré. Un nez de pure sérénité. Qui sied bien à ce temps fraternel.

Puis le jus parfumé gagne mes lèvres. La chair de l’animal roule ses jeunes muscles tremblants dans ma bouche attentive. Les vibrations de la matière conséquente me parlent d’équilibre. Des fruits blancs auxquels se joignent quelques jaunes fragments pulpeux, s’étalent au palais, comme si l’animal se roulait dans les herbes fraîches. Puis il s’ébroue, tandis qu’il glisse en gorge comme un ruisselet goûteux. Je ne bouge plus. Le jarret tendu, il franchit le col de ma gorge, et disparaît lentement de mon champs gustatif. La trace fine de son bézoard à peine musqué, et du sol pierreux qui marquait la corne souple d’entre ses sabots, marque ma langue de sa soie souple, et me laisse le désir de le retrouver…

Quelques épices encore.

Comme un albinos aux yeux roses …

OLIF, le barde Jurassien, car c’est bien de lui qu’il s’agit, apprécie mon plaisir et m’accompagne de son hanap qu’il vide en même temps que je déguste mon verre. « Regarde autour de nous, ils sont tous là, même ceux du sud, là, près de nous; et ceux du nord, là haut; de l’est, à droite; de l’ouest, à gauche; et au milieu, les plus agités, les plus joyeux, les plus jeunes, la relève des parisiens, autour d’ÉVA ! » Ben oui, il me faut bien me résoudre et accepter la réalité, ce cinquième jour de l’AVIN est jour – non pardon, RÊVE – œcuménique.

Et croyez moi,

Ne fut-ce qu’un jour,

Ne serait-ce qu’en rêve,

C’est bel et bien beau et bon,

La magie de l’A(N)VIN !!!

UN GANEVAT GAGNANT PAS GAVANT…

  

 

  De «Chamois» ailés, en «Paradis», il fallait bien que J.F Ganevat, en totale exaltation, un soir automnal d’après son dur labeur, glissât sur quelques peaux de raisins oubliées, lâchât la bouteille de marc distillée par son papa – qu’il ne faisait que regarder – se souvenant de son jeune âge… et que – enfer et damnation – celle ci tombât dans une cuvette de jus de Savagnin fraîchement pressé.

Le temps s’arrêta au cadran de la Jurassienne, tandis que Jean François, estourbi par sa chute, le crâne historié d’une bosselette zinzoline, se reposait, un peu éteint, quelque moment. Au réveil – difficile – les tempes vrillées par un tire-bouchon virtuel qui semblait vouloir lui manger les yeux de l’intérieur, fou à Rotalier, il contempla ce qu’il prit pour un désastre. Une bordée de jurons du cru lui remirent les yeux en face du bouchon.

Il comprit qu’il était temps de se glisser sous l’édredon…

C’est ainsi que cette «Apothéose», faite Macvin, vint au jour dit-on. Certes, je n’y étais pas, mais c’est ce qui se dit dans les caves, par là-bas, à voix basse… Sûr qu’un montagnard qui a fait ses classes en Bourgogne, ça fait un peu désordre en ces contrées reculées. Certains autochtones, gardiens des traditions immémoriales, n’y cultivent-ils pas l’art des sonneries à l’Olifant, les soirs d’après dégustations un peu longues? Il paraît même que le Juraco-Bourguignon et le dégustateur-sonneur aiment à faire le bœuf togetheurs.

Légendes, médisances, jalousies?

Rien de bien grave ou très méchant là-dedans. Une bien belle anecdote croquignolante et locale, qui nous change un peu des courses à l’échalote Élyséennes, dont les médias complaisants, nous bourrent les esgourdes, à longueur d’images proprettes. Autrement croustillant, que les frasques Jet-Settées des grandes bringues falotes, qui dégoulinent leurs poitrails siliconés et leurs culottes sans chevaux, sur les couvertures glaciales, des mégazines insipides, qui formatent les cortex anémiés de nos enfants fragiles…

Bon et le Macvin dans tout ça?

Tout frais échappé de la cave, il s’est installé au creux accueillant de mon beau grand verre sensuel. La chaleur, brutalement, s’est abattue sur les vignes Charentaises. Une petite brise côtière frise les feuilles tendres des arbres nouveaux nés. L’atmosphère est calme en cette soirée douce, propice au flirt vinique. Macvin, macvin, mac qui aime à goûter avec moi les vins de nos fusions… Le premier et dernier croisé, au détour d’une soirée sans relief, m’est bien loin en mémoire et portait un nom Majoral et le prénom anodin d’un tube de Balavoine. Souvenir d’une liqueur sucrée, à la finale abruptement âpre, qui m’avait fait abandonner l’idée d’y revenir un soir, même en fin d’une de ces vêprées glauques, qui font affleurer les désespoirs empilés…

Mais «Ce qui ne me détruit pas, me rend plus fort» disait l’ami Friedrich à moustaches. Alors, m’en allai retenter l’aventure illico!

Sera-ce divin ou Jurassic-marc?

J’avais cette phrase, idiome idiot, à l’esprit, quand, le front plissé et l’œil mi-clos, je me décidai à regarder le breuvage qui tremblait à mi-verre. J’essuyai à peine les rondeurs du crown-glass (spécialement taillé pour la circonstance, chez Leitz). La légère buée qui le nimbait, donnait à la mistelle, une opalescence qui fit place à la limpide brillance des ors ambrés et des calcites oranges – au bord du sang – parfaitement fondus, dès que la peau, tout juste tannée du Chamois de Ganevat, rendit au poli du cristal, sa liquidité première. Je levai le Graal à la santé du soleil finissant. Ses rayons rasants lasèrent la liqueur, qui diffracta mille arcs-en-ciels fragiles. Une robe à faire silence. Que je garderais plus volontiers au secret de ma mémoire, que l’hypothétique corps – fut-il de pur albâtre – qui aurait pu s’y blottir…

Quelque chose d’une tendre absence, me traversa le cœur…

Je fermai les yeux, embués à leur tour, et fit le vide. Je me fis nez, totalement. Plus concentré que le plus puissant des natrons Thinites, je me penchai. La fraîcheur de la cave donnait aux arômes un relief marqué. Dans l’ordre d’apparition sur scène, ce furent les fruits confits, l’angélique particulièrement. Puis la menthe et le citron vert saluèrent longuement. Le miel passa timidement. La menthe, au contraire, cabotine, n’en finit pas de s’étaler, fine et fraîche. Ils avaient attendu leur heure, pour mieux apparaître, en toute puissance. Intimement unis, le cèdre, le genévrier, le cade, qu’encadraient pruneaux au jus et purs Corinthes, prirent le temps de faire belle révérence. Sur trois jours, le bouquet fut aussi changeant qu’une brassée de courtisans emplumés.

Le baume me prit la bouche, en un grand et long baiser. L’attaque fut étagée, tripartite! A parts égales, sucre, acidité et piment m’emmenèrent en Trinité! Une vraie sphère solaire pétrie de fruits confits, de sucre candi, d’essences apicoles, s’installa, indolente. Elle tourna et roula comme un derviche fou, avant qu’elle ne laisse percer par de fines lames acides puis trouer par le jus des piments rouges…

Beaucoup de précautions en fait pour vous dire que ça finit franchement «minéral»! Quand je dis que ça finit, ça prend son temps… Ça s’éternise, ça se dépouille tout doucement, comme la strip-teaseuse dont vous avez toujours rêvé…. Au bout du bout de la finale, le noyau poivré d’une mangue, longuement sucé, subsiste.

À la re-lecture, je me dis que ce Vin pourrait être à la chair, ce que l’Amour est à la pornographie!!!

Comme une Apothéose

 

EÉMOBERTILUCOÉENE.

ET VOGUE LA GALÈRE SOUS LE VENT MAUVAIS…

Rire de pierre. Charente. Octobre 2009.

 Ecoutez, avec quelle tendresse, Mozart et l’Orient se marient sans problème.

La musique est un chemin que nous devrions emprunter, nous les rois aveugles (Oscar. Trumquat) *..

J’avais le nez dans le verre, les yeux fermés.

Pourquoi les avoir ouverts, je ne sais plus… Mes pensées voguaient comme de lourdes galères écrasées sous le poids harassant des inquiétudes sans plus d’objets. Mes yeux n’accommodaient pas, j’étais dans les fragrances du vin, comme pour m’évader.

Le point s’est fait machinalement, parce que ces temps ci, je fais le point pour un rien ou pour un tout, quand je divague, perdu dans les circonvolutions fantasques de ma cervelle, plutôt farcie. Le sang a cogné aux fenêtres et m’a rogné l’âme, alors j’ai ouvert les yeux, histoire d’être distrait par la réalité rassurante de la lumière…électrique – comme la Place artificielle de tous les espoirs dorés – de ma lampe de bureau.

Et j’ai vu, dans l’or mouvant du verre et du vin unis, la Grande Galerie des Glaces. Ses reflets de chrysocale, ses lueurs d’orichalque, ses éclairs d’émeraude qui pulsaient par instants, ses marbres verts tournoyants. Des miroirs, partout, profusion de reflets tremblants, étages de lumières diffractées, ondes de malachite, de céladon, soies incarnates sur les épaules de l’ambassadeur du Siam, pourpre, amarante, nacarat, corail en langues de dragon fulminants. Les bustes des empereurs de porphyre se tordent au souvenir de Rome en feu. Pilastres, trophées de bronze et trumeaux de marbre vert de Campan s’empalent et tournoient au cœur des maroufles de Le Brun. Le petit grand roi jaillirait de mon verre que je ne cillerais pas. Comme un clin d’œil du diable, me vient l’idée d’un AVC foudroyant.

Violence et tendresse, l’humanité dans mon verre…

Seule certitude, c’est d’un vin blanc qu’il s’agit. Opalescent, il se glace de lumières mystérieuses. Translucide, il donne à voir tout en cachant. Comme la femme, la seule, l’unique, l’absente, l’absolue, la désirée, celle qui les résume toutes.

Domaine Ganevat «Grusse de Billat» 2007.

La robe brille toujours d’une transparence nimbée de vert.

Tout petit nez timide, qui sent le raisin fraîchement pressé, comme une invitation à la patience. Le lendemain, le petit a pris de l’assurance. Le citron et le pamplemousse surgissent du verre, ronds, pulpeux et alléchants. Ah la belle paire d’agrumes juteux! Une gentille note miellée extirpe de ma mémoire la rondeur tendre d’un pomélos à point. De légères touches de thé le réchauffent. Un nez paisible, comme un équilibre fragile qui vibre sous les narines. Un nez qui sent le vert mûr. Un Chardonnay que j’aurais pu croire de Mâcon, qui ne «jurasse» pas sa mère! Douceur de la patte de l’homme qui gomme un peu le «terroir» (sans aucune certitude) ou sont-ce les schistes tendres qui aiment le raisin au point de ne pas le marquer? Divagations de rêveur exalté, plutôt…

Il est temps que le Grusse me flatte les papilles. Ah le Grusse, qui sans son «e» tourne autour de la piste, la tête fière et la queue ondoyante, comme ce vin vif autour de ma langue! C’est vrai qu’il trotte d’entrée, qu’il attaque, Billat en crinière, de son acidité très 2007, à peine retenue par une pointe sucrée, qui le tempère et le préserve de l’excès. Il libère sa chair conséquente, mais encore retenue, fluide et dessoiffante, ses agrumes mûrs, qui tour à tour, affirment leur vivacité et leur sucre candi. Le jus virevolte en bouche. Le Chardonnay est un cépage qui aime les latitudes tempérées, assurément. Avalé, le vin persiste sans faiblir et marque le palais longuement révélant longuement la minéralité (sans effet de mode langagière) et la tension acide des terres marneuses qui l’ont porté avec bonheur…

Je referme les yeux et repars dans mes souvenirs éteints…

* Philosophe de comptoir.

 

ENOSMOTALGITICOQUENE.

 

GANEVAT, GAVE T’AN…

Aston Martin V8 “Vantage”.

Éloge de la pureté…

Si j’étais blonde, fraîche, avec des yeux de Husky et des cils longs, à se faire tout pardonner. Si de surcroît je rétro-olfactais avec une exquise innocence (feinte?), entre mes jolies lèvres plissées. Toutes sortes de vins, issus de tous les arrondis de la planète. Si je disais «minairrralité» à tous les coins de vidéos et que c’est top-fun-à- boire-lol-miam-miam-tendance-kit-de-survie-jeune-super-cool-trippant-hot-party-branché-vibe-du-web. Si je flashais comme un bonbon Anglais dans mes «p’tits hauts», qui pètent la joie et le printemps, en toutes saisons. Si je rehaussais mes jolis doigts blonds longs, d’une touche de rouge volcan en éruption. Si je parlais simple, comme le monde il est. Si je causais «nature», devant un joli fond gris – souris – beeiin sûr, avec un rang de bouteille floues, dans le fond, que c’est un as du market-in qu’a ciblé la bonne tranche de jeunes, mais pas trop, qu’aiment les Lounge cosy et qu’a d’la thune, nature. Si je ne me snobizais pas la tronche, avec des mots, qu’il faut une biblio pour les comprendre…

Eh bein, hé bein, oui bein, tout le monde tomberait fou amoureux du vin!!!

Et c’est bein ça qui compte!!! Non???

Elle ne doit pas encore avoir trop exploré les creux et bosses du massif Jurassien, la charmante. Me ferais bien guide occasionnel, avant qu’Olif ne sonne de l’olifant du fond de sa combe. La guerre de blogs aura bien lieu. Une guerre de rêve, une guerre pacifique, une guerre froufroutante et rieuse, une guerre en dentelle!!!

Vive la guerre des roses, épanouies, dans les jardins d’Ispahan…

La tradition Jurassienne, (du moins, telle que le gnou à burnous que je suis, la perçoit, derrière le prisme du «j’y connais rien, mais péremptoire, j’affirme», ainsi que font, à longueur de fibres, les petits marquis – araignées multicolores changeantes, sous les lumières artificielles des conventions établies – grands édicteurs de principes, lanceurs de modes, arbitres du bien boire), voudrait que le Jura sente le cerfeuil, la noix roulée dans le curry et que, TOUT, là bas, au fin fond du trou du cou du monde, soit jaune, sous un ciel et des barriques perpétuellement voilés… jusqu’à ce que les temps du «faut pas qu’ça cesse, parce que c’est comme ça et pas autrement», se mettent à la nuance.

Mais, si tu prends un enfant de par là-bas, et qu’à grands coups de bottes au cul, tu le sors de son fjord sec et que tu le colles au taf, dans un vrai pays de vin, comme la Bourgogne – au hasard(!!!) – pour qu’il boive autre chose que son jus de céleri habituel…ben ça te transforme le gars et, partant, ses vins d’après, quand il est grand!!! Attention, les vins du Jura, dans la tradition, entre les mains jaunes des grands faiseurs, c’est très superbe. Et j’insiste bien. Si tu te colles un Tissot dans l’Overnoy, tu connais le bonheur illico, d’autant que t’y intercales un Magnin, histoire de stimuler les hormones (je pense endorphine, anything else!). Ceci dit dit, le raisin, si tu lui caresses le cep toute l’année, si tu le laisses mûrir, assez mais pas trop, déjà, ça peut faire bon. Et si ce bon jus, bourré (c’est bien le moins pour un moût) de quiddité de terroir, tu l’ouilles amoureusement deux ans, tandis qu’il glougloute au frais dans ses demi muids de bois, y’a des chances, que le dit-Savagnin du millésime 2006, parcimonieusement récolté à 18 Ho/Ha, il fermente très confort et fasse sa malo comme un grand (je dis ça, pour faire l’oeno-technico, mais j’y connais rien)…

Trois ans et quelques broquilles plus tard, tu te bats contre la cire, pour extirper le bouchon de la bouteille de «Les Chalasses Marnes bleues» de J.F Ganevat – revenu au pays – posée sur ton bureau, qu’ça part en confetti entre les touches de ton clavier! Maudite cire jaune!!! Clin d’œil à la tradition???

Robe jaune doré, soutenu. Reflets à peine verts. Soie brillante, lumineuse qui irradie sous le verre. Fermé, replié, boudeur le vin. Foutez moi la paix, je pousse., j’me constitue, j’me développe…ça c’est le nez. Bon, attendre un jour de plus et voir. Ouvert un peu plus, le vin enfin, s’est. Ça sent le grillé, mais pas celui du bois. Puis, Annie aime les sucettes au candi. Oui, l’acidité a une odeur, celle du candi sur sa sucette de pierre, plongée dans la mangue sèche, le coing et les écorces d’agrumes. Mais il est où le Savagnin??? Et surtout, l’impression d’une grande pureté olfactive, quelque chose de tremblant sous le nez, aussi. De la race des grands jus de roche, des eaux cristallines, des grands blancs de toutes régions, que tu sais qu’ils sont «au-dessus», parce que justement, ils tremblent, ils vibrent tellement, que t’as peur qu’ils s’évanouissent ailleurs, avant qu’t’as le temps de lever ton verre. Comme une onde, spéciale aux blancs, qui transcende les cépages, les terroirs, les vignerons.

Bouche d’agrumes, d’épices, frappée au coing de la fraîcheur à pointe amère. L’acidité mûre est une lame qui coupe sans que le sang ne coule. C’est une foutue vivacité exquise, quelque chose comme le plaisir au bord de la douleur. Installée, roulée en boule en bouche, la matière, conséquente, se détend et enfle «surprenament». Comme un jus de cristal, une essence, un principe, un alcoolat, une quintessence, un substrat, une âme, un élixir. Sécheresse totale, la mangue, le coing, le citron, se sont envolés, n’en restent que les extraits.

La finale, salivante et longue, dépouille le vin de ses attraits, de ses atours. Doucement, fruit après fruit, laissant au palais, la trace saline de la sucette au caillou…

EMACHOMOTIONNEETICONE…

AU PARADIS SONT LES CHAMOIS DE GANEVAT…

 Goya. La Maja nue.

  Non! John Lennon n’est pas mort.

Pas plus tard qu’il y a peu, je l’ai vu, au détour d’un Blog de couleur tendre, chiffonné. Pas John, le Blog! Étrangement il portait la perruque de Yoko Ono (pas le Blog, John!). Longue, noire, elle tombait, raide sur ses épaules (Pas Yoko Ono, la perruque!). J’ai cru voir, l’espace d’un battement de cil, un lévrier Afghan du boulevard Montaigne égaré à Kaboul. En sa compagnie, Simone La Babouchka, mais jeune, l’œil bleu étonné, la joue rose timide et la lèvre rouge ourlée. Rousse sous son fichu. Derrière elles, des livres. Queneau, Djian, Kundera, Borges, Perec. Signe que la Russie s’ouvre à la culture. Que rien n’est perdu.

 Que la Mondialisation ne normalisera pas. Mais elle passera. Broiera, broiera pas?

 Imaginez qu’elle broie les egos au lieu des économies et qu’elle touche aux consciences, la Mondialisation! Un grand bond, une grande ouverture comme l’humanité n’en n’a jamais connue. Une révolution fantastique. Chacun ressentant toutes les souffrances, toutes les faims, toutes les tortures, toutes les perversités de tous. Le syndrome de Jésus à la portée de toutes les bourses (non pas Wall Street, les vôtres!). Sûr que ça en calmerait quelques uns! Là c’est bon, ça réfléchit sous les casquettes… Fini la course aux illusions. C’est peut-être en route. La matière se détend, les atomes prennent leurs distances, s’écartent les uns des autres. La densité décroît. L’heure de l’allégement général a sonné. La terre se déleste, respire. Pas plus de réchauffement climatique que ça, mais une transformation en profondeur, une révolution physique. Apaisement général. Le retour sur soi pour s’ouvrir sur les autres? La solution dans l’ouverture des consciences.

 Allez foin de billevesées empesées. Place au plaisir simple, au syndrome de Bacchus…

 Rupicapra rupicapra, le Chardonnay de Ganevat, s’est fait «Chamois du Paradis». Après 66 mois en barriques de 500 litres de bois pas neuf, le voilà qui pointe le bout de son sabot dans mon verre. Le voilà donc, lâché; libre de respirer enfin hors de sa matrice de vin. Il a six ans cet Isard qui n’est plus un Éterlou de l’année. Il a perdu son acidité de jeunesse, sa silhouette olfactive s’est affinée. Ce Grands Teppes de 2004 a gagné son Walhalla.

 Sa robe est pâle, brillante, limpide, jaune tendre comme la première jonquille de printemps qui pointe sa paracolle dentelée au jardin.

 Pas facile à cerner ce chamois tandis qu’il s’offre, complexe, au nez. Le caprin liquide gambade un long moment dans le verre. Il grimpe et glisse, joueur, le long des parois de verre, sous la lumière d’un soleil déclinant. Je me régale de le voir ainsi se déplier lentement. Tout en fleurs blanches, fines, subtiles, entremêlées. Diaphanes et pénétrants, les arômes embaument. Cire douce ensuite qu’un soupçon de miel arrondit. Leur succède, une alliance parfaitement fondue de citron et pamplemousse en jus mûrs. Une dernière touche timide de pierre chauffée au soleil, clôt ce bouquet parfaitement équilibré. Un nez de pure sérénité.

 La chair de l’animal roule ses jeunes muscles tremblants dans ma bouche attentive. Les vibrations de la matière, conséquente, me parlent d’équilibre. Des fruits blancs auxquels se joignent quelques jaunes fragments pulpeux, s’étalent au palais, comme si l’animal se roulait dans les herbes fraîches. Puis il s’ébroue, tandis qu’il glisse en gorge comme un ruisselet goûteux. Je ne bouge plus. Le jarret tendu, il franchit le col de ma gorge, et disparaît lentement de mon champs gustatif. La trace fine de son bézoard à peine musqué, et du sol pierreux qui marquait la corne souple d’entre ses sabots, marque ma langue de sa soie souple, et me laisse le désir de le retrouver…

 Quelques épices encore.

 Comme un albinos aux yeux roses…

 

ESOUSMOLETICHARCOMENE.