Littinéraires viniques » Christian Bétourné

PROSERPINE LA GALOPINE …

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Dante-Gabriel Rossetti. Proserpine.

CHAPITRE 1.

Proserpine, mais pourquoi ce prénom ? Très tôt, elle se posa la question. Très tôt. Elle questionna sa mère. Parce que, comme ça, c’est joli, ça sonne espiègle, s’entendit-elle répondre. Son père ? Elle n’en avait pas. Enfin il n’était pas présent. Enfui, juste après avoir joui dans la chatte de maman. Sa mère lui avait dit « la graine », bien sûr. Mais au sortir de l’école primaire, le premier matou renifleur lui avait traduit ça en langage normal, celui du rut, qui allait meubler sa vie et son entrecuisse …

A peine sut-elle marcher et ouvrir un peu les yeux sur le monde, qu’elle vit, à hauteur de ses yeux d’enfant, passer nombre de pattes plus ou moins grêles, diversement poilues, chaussées de godillots genre skinhead, de charentaises avachies, de mocassins vernis – très rares ceux-ci – de radeaux improbables, de cuirs griffés, cirés, luisants, cradingues et autres, enfin toute la collection des godasses des mondes occidentaux et extérieurs. C’est ainsi qu’elle apprit à compter. Outre cet indispensable apprentissage qui lui serait utile très tôt, elle développa concomitamment son odorat, et les parfums capiteux des corps de passage, à l’hygiène variable, l’initièrent rudement, de telle sorte, qu’elle n’eut jamais, de toute sa vie, le moindre haut le cœur. Ajouté à cela l’incompétence crasse de sa matrice en matière d’hygiène, elle fut de suite vaccinée, à la dure, contre nombre de microbes et virus ambiants. Elle eut bien quelques fièvres, mais ni quartes, ni même tierces, dont elle sortit, avec difficulté parfois il faut bien le dire, considérablement renforcée.

Proserpine naquit un soir étrange, entre un 31 et 32 Décembre, ce qui est le sort habituel des sorcières ou des âmes dégagées des obligations humaines. Mais par un prodige du destin qui étonne encore à ce jour l’Olympe aussi bien que les ciels divers des religions du livre, et même, c’est dire, les plus hauts extasiés au-delà du Parinirvãna, elle se retrouva, hurlante et sanguinolente, sur le ventre ville ouverte de Xéresse, sa salope de mère. C’est ainsi qu’elle parlait d’elle, avec tendresse, quand son regard faisait contrepoint à ses paroles. Une putasse de première, sa mère, qui n’arrêta que fort tard, passé sa quatre vingtième année, de se faire bourrer la tranchée qu’elle avait accueillante. C’était pour elle une nécessité absolue. Sans quoi, elle se traînait et perdait tout entrain. C’est pour vivre et survivre qu’elle passa sa vie entière à passer en revue tout ceux qui passaient à portée de sa coquille. Pour garder joie, bonne humeur, et parfois, souvent même, pour faire bouillir la marmite. A se faire ramoner le coquillard, elle n’eut de cesse. Une dévoreuse, une assécheuse, une bouffeuse d’énergie, un vampire qui ne vivait que des substances, voire des subsistances d’autrui, et qui dépérissait dès qu’elle n’était plus comblée.

Coïncidence, elle cessa ses activités un beau matin que son désir s’envolait, les poinçonneurs des Lilas, remplacés par des portiques sans âmes, disparaissaient des couloirs du Métropolitain. C’était comme si le monde basculait d’un coup. Un coup qui l’ébranla et mit à mort son désir jusqu’à lors, inextinguible, cette soif impétueuse qui avait été l’unique sens unique de sa vie. Car Xéresse avait une affection particulière pour ces tickets odorants qui lui ouvrait les entrailles de la terre. Leur odeur d’encre et de poussière l’émouvait. Elle aimait à les voir poinçonner par ces hommes et ces femmes aux yeux baissés, qui d’un coup sec du poignet, perçaient en deux notes sèches et crémeuses à la fois, qu’elle vivait comme un déchirement voluptueux, le carton fragile du billet. Chaque jour le fer qui déchirait le papier tendre lui mettait au front et sur le dessus des lèvres quelques perles de sueur chaude; entre ses rondeurs qui se crispaient en frissonnant, courrait une caresse à peine ressentie, douce, qui lui embrasait les sangs en eau. Quand le poinçon se tut, rouilla, ses chairs se rétractèrent. La mort tapie au coin de son ventre lui mordit les entrailles. Elle pourrit et mourut en quelques mois, seule, sous le regard rougeoyant de la camarde à l’ouvrage …

COMME LA VIE …

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

 

Comme la glace

Aux rayons ardents,

Qui fond

Sous tes pieds fourchus.

———-

Comme le chien

Chassieux de misère,

Qui jappe,

Pleure et supplie.

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Comme la crème

Acide et tiède,

Qui crame

La peau de tes petits matins.

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Comme le rai

De lumière noire,

Qui crève

Tes volets blancs.

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Comme la main

Précise à pleurer,

Qui s’égare

Sur tes sables.

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Comme le caviar salé

Des nuits éclectiques,

Qui craque

Sous les chicots cariés.

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Comme le croco péteux

Enfoui dans la vase,

Qui finit

Dans ton sac merdeux.

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Comme les putes

Aux longues jambes,

Que baisent

De gros bouseux.

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Comme les asticots velus

Tout au fond de ton cul,

Qui vomissent

Ta vie de chienne farcie.

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Comme la haine rouillée

A genoux à tes pieds,

Qui rugit

Et maudit ta vie.

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Comme la baleine bleue

Découpée sur la dune,

Qui chante

Et pleure à la lune.

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Comme le pal dressé

Au cul de Torquemada,

Qui attend

De cracher son foie.

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Comme un cœur déchiré

Par une vie sinistre,

Qui prend

Ton ventre pour une église.

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Comme un abbé obèse

A lécher les poêles,

Qui s’encule

Une nonne jusqu’à la moelle.

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Comme un crucifix accroché

Au flanc de la salope,

Qui s’accroche

Et rit au vit de la vie.

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Comme un chat dépiauté

Par un aveugle châtré,

Qui pend

Mou comme un gland mort.

———-

Comme la vie morbide

Figée, puante,

Qui t’éclate

La tronche à longueur de karma.

———-

Allez, va te faire mettre

Cette prothèse de hanche,

Qui te traîne

A la mort, pauvre tanche.

———-

Que le cul de ta mère

Soit à jamais maudit,

Et que ce con d’Apollinaire

Te conserve dans l’alcool

De ses foutreries inutiles …

 

COMME DES LOUPS …

1385913_10200733539046343_1223730120_nSous le regard de La De.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

On va se coucher?

———-

Tu me parleras à l’oreille,

Je me tairai,

Énamouré,

Muet comme un boa,

A la langue arrachée,

Caresserai ton bras,

Tu me regarderas dans le noir,

Nous mangerons l’espoir,

Te rapprocheras, jusqu’à

Toucher mes lèvres,

Du bout des tiennes,

Gorgées, tendres et pleines,

Je sentirai ton souffle tiède,

Le vent dans la pinède,

Les fragrances rosées des oueds,

Entourés de palmiers,

Où blatèrent les chamelles

Aux grands yeux fatigués,

Ivres de dattes sucrées,

D’épices, de délices,

De cannelle et de fruits

Aux grains rouges et juteux,

Le parfum de ta peau,

Pâle comme lune d’opale,

Ta langue humide

Effleurera ma bouche,

S’insinuera doucement, amoureuse,

Je ne bougerai pas, te laisserai jouer

Sur mon visage,

Dans l’ombre chaude du lit

Tes mains courront sur mon torse,

Tes doigts frôleront, pinceront,

Doucement, pétriront,

Ferons ce qu’elles voudront,

Qu’aussi je voudrai,

Et moi, silencieux jouerai,

A te voir ainsi jouer,

Dans le noir absolu

De cette nuit épique,

Belle nuit d’amour vivant,

Et tu te hisseras

Sur moi, m’envelopperas

De tes chairs chaudes,

Tes yeux au ras des miens,

Mystérieuse, tu ne souriras pas,

Tu auras l’air grave

Des amours si longtemps attendues ….

———-

Je me délecterai à être ta chose,

Confiant et doux

A ta merci,

Charmante torture, d’avoir à me taire

Sous ta bouche goulue

Aux dents de louve folle,

Tu onduleras

Comme une fleur au vent,

Me diras à l’oreille des choses ignobles

A coups de grands mots doux,

Rauques et fous,

Tu m’engloutiras

Dans tes abîmes étroits,

Seul j’y nagerai

La danse de la joie,

Tes hanches s’épanouiront

Comme des marshmallows,

Tu fondras, serreras

Entre tes cuisses fermes,

Mes hanches, les miennes

Seront les tiennes,

Tes mains se crisperont

Sur mes fesses durcies,

Saisies, pétries.

———-

Comme jamais, j’aurai senti

Ta force, ta faim, ta vie,

Comme jamais plus j’aurai joui.

———-

Tu seras ma maîtresse,

Et celle du jeu tendre

De nos corps, exaltés

D’avoir dû tant prétendre,

Tu aspireras

A me dire ta joie, quand

Sous tes seins épanouis,

Tu sentiras mon corps

Se tendre, et faire l’arc-en-ciel,

A te soulever,

Et je m’enfouirai jusqu’à la garde,

Cracherai au visage de la camarde,

Et tu m’avaleras à ne plus me lâcher,

Tu voudras me manger, me mâcher,

Enfin, nous jouirons comme des loups

Affamés par tant de disettes,

Et nous nous parlerons aussi,

A voix de velours sablé,

A voix tendre, un peu cassée,

Un peu brisée, un peu salée,

Tu me diras : Enfin l’amour j’ai fait,,

Je t’ai absorbé, digéré, exsudé,

Comme une goule drôle,

Mes reins s’en souviendront

Jusqu’à la fin des temps,

Je suis à toi, et tu es mon amant,

L’amant de mon âme,

Et je suis l’âme de la femme de l’amant.

———-

Nous jouirons comme des loups,

Nous nous illuminerons comme à Noël,

A exploser le cul du Père,

A en perdre nos repères,

Nous jouirons comme des cratères,

A faire pleurer la terre,

Nous jouirons comme des loups,

Jouirons comme des loups,

Comme des loups,

DES LOUPS,

Hurlerons comme des fous,

A la mort de la souffrance,

Ivres de nos fragrances,

Arracherons le bleu du ciel,

Étoufferons les hirondelles,

Éventrerons la peur,

Étrangleront la mort,

Entre nos cuisses jointes,

Et nos corps soudés,

Aspirerons à ne plus nous quitter,

Crierons à nous briser,

Desquamerons nos peaux,

Pleurerons de plaisir

Rugirons comme des lyres

Déchirées par la tempête

Des amours électriques

Qui piquent.

———-

Et le désir intense

Consumera nos os …

———-

Et je hurle à mon sort

Dans le noir de ma nuit,

Seul,

Comme un homme, un fantôme

Maudit,

Je dors avec la mort …

ET RON, ET RON …

 

 

1380004_10200730257844315_973619571_nIllustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

 

Il pleut, il pleut bergère,

Et ron et ron,

Pauvre petit con,

Il pleut, il pleut bergère

Jusque sur tes nichons

Tout ronds,

Jusque sur tes pompons

Grognons, Lison …

 ———

Sur la grève allongée,

Ma fée, ma fée,

Toute chamboulée,

Tu planes toute éveillée, veillée,

Entre tes jambes entrebâillées,

Te voilà toute mouillée,

Tralala, tralalère

Il pleut, il pleut Bergère …

———-

Alors tu te relèves,

Quand ta lune se lève, lève,

Le vent sur la grève,

Voilà qu’il a soufflé, soufflé,

En rafales frissonantes,

Douces, fraîches, elles filent,

Entre tes lèvres l’alguazil

N’a pas pu se cacher, Armante …

———-

Au loin, trop loin,

Et tsoin et tsoin,

Il court, il court, le furet,

Le furet du bois rasé,

Il est parti dans son lit, son lit,

Se coucher, pauvre abruti, meurtri,

Sa pelisse toute lisse,

Et tes yeux d’améthyste, tristes, Clarisse …

———-

Ainsi va la bayadère,

Lalère, lalère,

Ronde comme un gruyère,

Et ses pompons renflés,

Pleurent de tout leur lait,

De tout cet amour gâché,

Olé, olé,

Sur le sable abandonné, Circé …

———-

De Nantes à Montaigu,

La digue, la digue,

Poires, melons et figues,

Font la ronde, en chantant,

Tout autour tirecul, tirecul,

Le pèlerin au dard aigu,

Trace la route, seul et nu,

Ah ! Ta coquille fessue, Lulu ..

 ———-

A ta claire fontaine,

Ma reine, ma reine,

A se désaltérer,

Tête basse et poings serrés,

Il ne peut que hurler, rêver,

Alors il tourne et vire,

Elvire, Elvire,

Comme un raton rôti, Lili …

———-

Il pleut, il pleure bergère,

De lourdes larmes amères,

Qui roulent sur tes flancs,

Jusqu’à mon cœur si blanc,

Ô ma lyre, tralalire,

J’ai vécu le martyre,

Un mirage, un respir,

Au revoir les soupirs, Elvire …

———-

La morale de cette histoire,

La poire, lanloire,

C’est que le temps perdu,

Glandu, glandu,

Des amours illusoires,

Ainsi font, font, font,

Pommes, pêches, citrons,

Est tombé dans la glu, Ciguë …

 

PAUVRE LAPIN FOOL …

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Un câlin cool

Avec un lapin fool

Qui rit en silence,

Te pousse et se lance

Entre tes reins,

S’en va et s’en vient,

Fleurit son romarin,

Sur le jasmin

De tes seins …

———-

Et ta bouche de houri

Se pose sur ma main

Griffe, gratte

Et grogne, rogne

Sous le bout de ma gratte,

Voluptueuse ratte,

Et voilà que ma pogne

Caresse la souris

Sans attendre demain …

———-

Tu roules et tangues,

Sur ma langue

Tu t’ébroues,

Te rebiffes

Et me secoues

A grands coups,

Quand j’ose

Pousser la chose

Jusqu’au bout …

———-

Sur tes seins ronds

Qui baillent à la lune,

Accrochés à ma hune,

Deux pompons roses

Clignent des yeux,

Quand je crie et houspille,

Je frémis et tressaille

Tout au fond de tes entrailles

Moi, la dernière des racailles …

———-

A fendre ta broussaille

Je m’évertue, dans ma glu

Scintillent les étoiles,

Dans tes yeux qui se dévoilent,

Sale gueuse dépoitraillée,

Et les melons tressautent,

Mûrs, au jardin des rocailles,

Alors, je te regarde au fond,

Et ripaille pour de bon …

———-

 Tes pompons tout énervés

Se mettent à gonfler,

Fragiles, et tout enflés

Comme deux baudruches

Ballantes au ciel d’été.

Tu es mon autruche

Aux plumes tremblantes,

Ma belle énamourée,

Et ta peau de perler,

Fille de peu, ma fée …

 ———-

Je t’aime à en crever …

 ———-

Sur la grève déserte,

Je me suis réveillé,

Mon cœur à marée basse,

Sinistre connasse,

S’est arrêté,

Le sable l’a grippé,

Et ton corps d’organsin,

Tes hanches de bonasse,

Et tes reins, ton cœur, tes seins,

Se sont envolés …

———-

Et roule la houle,

Pauvre lapin fool.

A SE CREVER LE FION …

Dans le creux de tes hanches

La clarinette pleure,

Passe le temps,

Sonnent les heures …

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—————-

 Haendel, au moins,

En pleine sarabande,

Susurre si loin,

Las de t’entendre …

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 Sur la grève de nuit,

Dans le vent tiède,

Les flots marris,

Caressent ta pinède …

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 Invisibles et lents,

Dans l’ombre de la lune,

Planent les goélands,

Qui rasent la dune …

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 Le cœur à l’arrache,

Les chairs à pâmer,

Pleurent des haches,

Larmes rouillées …

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 Crèvent les yeux,

Saigne la lune,

Tout autour d’eux,

Sinistres lagunes …

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 Triste à périr,

Cœur à vomir,

Décolle mésange,

Viens t-en bel ange …

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 Ailes déployées,

Coeur en collier,

Libère toi,

Vole, crache ta joie …

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 Sur les pentes arides

Des volcans en furie,

Agrippe la bride,

Oublie les cris …

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 Renverse les montagnes,

Et tes frusques au feu,

Quitte ce bagne,

Arrache toi les yeux …

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 Sous la peau bise

Rôde la mort,

Le cœur se brise,

Se fanent les ors …

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 Ce soir la mer d’argent,

Ondoie sous la risée,

Comme les cœurs changeants,

Et les rêves brisés …

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 Pauvre Martin

Qui hurle et geint,

Pauvre chouette,

Sous sa couette …

————–

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 Alors, de toutes parts,

Blêmes et épars,

Ils hurleront,

A se crever le fion …

TA HANCHE, HUMIDE DE MA JOUE ….

Dans le creux de ta hanche,

Le grand tournesol

De ma vie folle,

Dans l’ombre de ta hanche…

—-

Dans le creux de ta hanche,

Mes nuits passées

A te rêver,

Dans le grain de ta hanche…

—-

Dans le creux de tes hanches,

Mes mains serrées

Comme des crochets,

Dans le deuil de tes hanches…

—-

Dans les creux de ta hanche,

Coulent les larmes floues

D’un oiseau fou,

Dans les plumes de ta hanche…

—-

Dans le creux de tes hanches,

La bile verte,

D’une vie qui se vomit,

Dans le linceul de tes hanches…

—-

Dans le creux de ta hanche,

Les humeurs tièdes

Des amours blettes

Dans le spasme de ta hanche…

—-

Dans le creux de ta hanche,

Mon lent désir,

Comme un zéphyr,

Sur la peau de ta hanche…

—-

Dans le creux de ta hanche,

La pente douce

Des pamplemousses,

Dans le val de tes hanches…

—-

Dans le creux de ta hanche,

Les grains qui coulent

Comme une semoule

Dans le creuset de ta hanche…

—-

Dans le creux de tes hanches,

Les sanglots lourds

D’un amour fou,

Dans le calice de tes hanches…

—-

Dans le creux de tes hanches,

Les eaux fortes

Des amours mortes,

Dans la coupe de tes hanches…

—-

Mon coeur se vide

Entre tes hanches,

Dans la nuit blanche…

A l’abri de tes hanches…

—-

Dans le creux…

Au fond de…

Dans..

ACHILLE, D’AIRES EN STATIONS …

botticelli_christ Botticelli. Christ. Couronné d’épines.

 

Achille s’en est allé.

Au sortir du pavillon, sous la pluie plus battante que son sang, au pied du grand arbre, Oscar le regarde. Rien jusqu’à ce moment ne l’avait arrêté, personne ne l’avait ému, aucun regret ne l’avait traversé, dur comme un acier trempé par la pluie, les larmes séchaient au fond de lui, mortes nées. Mais les petits yeux noirs de l’écureuil, perdus sous les poils, l’ont dévasté, avant même qu’il comprenne, il est en eau sous l’averse, mouillé dedans-dehors, tout l’amour de ce monde en déliquescence l’assaille et le transperce. Oscar ne bouge pas, Achille fondu non plus. Pour ne pas s’effondrer, il s’assied sur le capot de sa voiture, bras ballants, dos voûté, bave et crache pour ne pas hurler, alors Oscar en deux bonds est à côté de lui perché sur le capot, Achille enroule son manteau autour de la boule de poils hirsutes, comme ça, sans réfléchir, pour le protéger, et bafouille des bulles d’excuses, son nez coule, l’eau lui glace le dos, brouille son regard. La honte le submerge plus encore que la pluie qui redouble. Derrière les portes de verre brossées par la buée, ils se sont agglutinés, une vraie concentration de limaces apeurées, tous ou presque. Olivier, mufle écrasé sur la vitre, mains écartées, suantes de crasse, Élisabeth et son baise en ville rouge serré entre ses bras de langoustine, un boa violet déplumé, comme une corde de pendu, enroulé autour du cou, et les autres à l’arrière plan, à demi mangés par la pluie, visages déchirés par les gouttelettes qui roulent en rangs hasardeux sur cette transparence de verre qui les sépare, et qui vibre sous la poussée d’Olivier.

Le monde est lys de pluie maintenant, le ciel a disparu, sur le bitume et la pelouse proche, naissent et meurent à toute allure des bulles éphémères, minuscules, opulentes, ternes, moirées, qui claquent comme des coups de fouet sur les tôles des bagnoles ruisselantes. Achille ne perçoit plus les reliefs, les eaux massives dessinent un monde en deux dimensions. Oscar, bien à l’abri s’est ébroué, sa pelisse ébouriffée retrouve son volume, on dirait qu’il sourit. Achille, nuque ployée, lessivé, ne bouge pas et s’évertue à protéger l’animal. Autour d’eux, le paysage, sous le manteau blanchâtre et liquide qui n’en finit pas de nier le monde, est lessivé, seules les notes du xylophone céleste qui martèlent la ferraille, résonnent plus fort que le tambour du cœur têtu d’Achille qui ne veut pas mourir. Comme un signe des Dieux rageurs. Loin, si proche pourtant, dans le petit matin glauque de cet hiver finissant, contre le flanc osseux du flûteur assoupi, Sophie, le regard fixe, se caresse et se caresse encore, à ne jamais s’arrêter, à ne jamais redescendre dans le monde ordinaire des âmes endormies. Sous ses paupières douloureuses, elle ferme un instant les yeux, les images se bousculent, dans ses membres relâchés, l’amour, comme un torrent de montagne, aux eaux fraîches et cristallines, n’en finit pas de sourdre à son delta … Mais elle ne reviendra pas. Au même instant, sous son pardessus percé, Achille à frémi. Oscar d’un bond gracieux, en deux rebonds élastiques a disparu sous les fourrés. Sur la porte vitrée du pavillon « C », le sang qui peint les lèvres molles d’Élisabeth a dessiné l’ébauche d’un cri.

Le ciel s’est ouvert, le relief est revenu, le paysage noyé défile, Achille, en pilotage automatique, heureux comme le kleenex souillé sur le ventre de Sophie, efface la route qui fend les terres comme une lame sale, et lui crève les yeux. Regard fixe, visage fermé, sur ses joues creusées le sel de ses larmes s’est figé. Le vent s’engouffre par la fenêtre largement ouverte, l’air frais lui brûle la peau et dissipe les dernières odeurs de l’institut. Les images s’envolent comme des souvenirs à ne pas garder, Marie-Madeleine, en montgolfière épanouie, s’élève dans le ciel pour se perdre dans la stratosphère, les autres, en vrac s’effritent, poussières au vent du temps révolu. A cent soixante à l’heure, Achille est à l’arrêt. Et pas besoin de remuer la truffe pour savoir qu’il ne sait plus. Un instant il cultive l’espoir imbécile d’un voyage éternel, puis cherche un pont très haut, duquel il pourrait se jeter en défonçant la rambarde, histoire d’assurer l’éternel. Mais l’A1 est affreusement plate, aussi plate que son encéphalogramme, cet après-midi là ! Alors il ralentit et se met à rouler au pas, ce qui déclenche les avertisseurs enragés de tous ceux qui le doublent en trombe. Achille est aux anges quand deux motards de la police routière l’interceptent. Avec docilité, il obtempère en souriant gentiment, il écoute, le regard attentif mais l’esprit déconnecté, la leçon qu’il lui font, et hoche la tête, plus soumis qu’un caniche à ses maîtres. Envie de se dresser sur ses pattes arrières et de japper joyeusement, mais il se contient !

Puis il poursuit sa route d’escargot, flânant, pour autant qu’on le peut sur les lignes droites sans fin qui remontent vers le nord. Il s’arrête à chaque station service, boit de l’eau et encore de l’eau, observe les voyageurs engoncés dans leurs vêtements chauds monochromes, fronts bas et mines blêmes, occupés, accoudés aux tables hautes, à dévorer, mâchoires saillantes, des sandwichs mous et sans goût, arrosés de cafés amers qui coulent à longs jets bruyants des fontaines modernes aux couleurs électriques. Il revoit les tableaux de Hooper à la sauce européenne et rit, d’un rire aussi jaune que les lumières artificielles de sa vie en suspens, perdu, complètement perdu dans ces oasis factices. A chaque halte, il tourne en rond sous les néons violents qui lui rougissent les yeux et lui verdissent le teint. Comme un Christ de pacotille, abruti et souffrant, il multiplie les arrêts, et vide sa vessie douloureuse dans les toilettes aveuglantes, carrelées de blanc, des stations services, ou bien, sur les aires désertes, dans la semi obscurité des pissotières glauques, tout en fumant des clopes qui lui arrachent la gueule, paupières closes et cœur cognant. Achille s’est perdu, la nuit est tombée, et le chemin est long encore, si long, entre l’institut et la vie qui l’attend.

 Peut-être …

Achille le dissocié, le visage entre les mains, quelque trente ans après cet épisode de son passé, somnole dans la nuit, sous le halo opalescent de sa lampe, accoudé au cuir de son bureau. Étrangement, le temps, cette nuit, s’est ralenti aussi, il lui colle à la peau comme une pâte molle, et les bruits ordinaires de la nuit se sont tus un long moment. Il lui faudra, une fois encore, retrouver le présent implacable, l’amble immuable des secondes à l’horloge, derrière le cristal de son verre, inscrit dans la chair grenate du vin, qui patiemment l’attend. Une belle syrah aux hanches rondes s’épanouit dans le large cul du verre, une Côte Rôtie « Maison Rouge » 2006 du Domaine Duclaux, silencieuse et patiente. Achille s’y plonge, narines offertes aux senteurs à venir. Du disque sombre aux bords violacés, s’élèvent en effluves invisibles, des fragrances gourmandes de fruits rouges dans leur corbeille d’épices, de jambon cru, d’olive, fondues, fines, complexes, crémeuses et salivantes. Comme un vent odorant venu des terres penchées du Rhône septentrional, qui lui lave l’âme. Le jus, tout en douceur lui caresse la langue et fait le gros dos, comme un chat au réveil, puis il libère ses fruits frais, épicés, qui s’étalent et le comblent, lui remplissent l’avaloir longuement, avant de glisser, soyeux, dans sa gorge, pour lui laisser en bouche le souvenir prégnant de leur chair tendre et goûteuse. Les yeux fermés, revenu du voyage, de son chemin de croix profane, il savoure longuement les tannins polis, mûrs et parfaitement fins, qui lui laissent langue fraîche, poivrée, légèrement pimentée …

 Comme un sang rédempteur,

 Le jus des vignes

A fait son office …

EENMOTRETIDEUXCOVIESNE.

MORDU A MORT …

Le matin s’est levé

Et moi aussi,

Embrumé

Comme lui.

Nuit agitée,

Kébab coincé

Dans le gosier,

Qui ne veut pas descendre,

Quand la brume

Ne peut pas dissiper

Le temps

Gluant,

Qui s’accroche

A mes dents …

Je n’en peux plus,

D’attendre,

Que le soleil charnu

Se lève au ciel tendre,

Quand je sens

Mes forces se vider,

Mon âme hurler,

Qu’il est temps,

De mordre,

A pleine mâchoire,

Cette corde maudite,

Ce lien d’araldite,

Qui me serre

Le cou …

Envole toi,

Laisse les oies

Capiteuses

Du capitole,

Cacarder

Au ciel d’azur,

En flèches folles,

Aveugles, et ivres

D’anciennes amours,

Ô toi ma pure,

Lâche la troupe

Qui te tient

La croupe.

Fuckin’ Proserpine … !

Oublie le chat taiseux,

Pelotonné en boule,

Comme une sale goule,

Sur tes pieds glacés.

Arrache toi Lilou aux pièges,

Aux arpèges,

Qui glissent,

Comme des cerises,

Vides et mortes,

Tout le long

De ton cou.

Mord la vie,

Qui te sourit,

Un bon coup …

Le temps comme une valse

Triste et lente,

Tire sa révérence,

Sur les formes rondes,

Les queues et les arondes,

De mon violon chenu.

Et coule les eaux grasses

Des temps révolus,

Je souris et je ris,

Quand les secondes lasses,

Les heures salaces,

Tracent, infâmes limaces,

Leur chemin tordu,

Sur mes chairs corrompues …

Fuckin’ Proserpine,

Tes aigues-marines,

Ta bouche amandine,

M’ont mordu à mort,

Très fort.

ACHILLE SOUS LES SABOTS DU DIABLE …

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ACHILLE resta un bon moment immobile …

Déplumé, harassé, lessivé, cuit sous la braise, vidé, exténué, abruti de fatigue, un sourire las sur les lèvres, le corps flapi, l’esprit embrumé, la peau collante, encroûtée, gluante par endroit, le cœur éteint, sidéré, absent. Il s’était réfugié tout au fond de sa coquille, emmuré, enkysté, aveugle, insensible, pour ne pas pleurer, hurler, se déchirer à coups de rasoir. Saigner vraiment, se vider une fois pour toutes et finir décharné, exsangue, plus encore que cette dernière nuit. Se faire lui même ce qu’elle lui avait fait, aller jusqu’au bout de cette logique sanglante et dévorante, en se dévastant de l’intérieur, en se suçant jusqu’à la dernière goutte de moelle visqueuse, poser l’étoile de mort qui navigue dans la mer défunte de son âme, à même son ventre flasque, comme une évagination destructrice qui le ferait souffrir à hurler en déversant ses acides corrosifs sur cet amour perdu. Jusqu’à ce que ses os, sa peau même, disparaissent en grésillant du monde des vivants …

Sous le sabot crochu du diable grimaçant qui mène cette sarabande mortelle, l’ange, le souffle coupé, est vaincu. Le diable au mufle pustuleux des frustrations accumulées, hurle la haine de la vie, son souffle putride le met à vomir. A longs jets puants, glaire verdâtre et grumeaux jaunâtres, jaillissent à longs sanglots de sa bouche distendue. Sur les crocs sanglants du monstre ricanant, la lune se mire, dans le ciel de mars le vent hulule, et charrie en troupeaux épais et furieux de lourds nuages de crème noire. La nuit est à l’agonie. Puis Sophie aux formes décuplées, à la peau diaphane, au cul de volcan globuleux, envahit l’espace, échevelée, ses seins énormes grouillent de vers bruissants, ses yeux immenses, fiévreux, roulent des larmes de sang épais, elle sourit étrangement, mauvaise et tendre, bave et crache un flot d’étoiles noires et coupantes qui lui cisaillent la carotide. Le sang jaillit jusqu’au profond de l’espace. Entre ses mains crochues dont les ongles pointus rutilent, elle tient l’araignée de toutes les souffrances d’Achille, elle la broie, l’aranéide couine et se débat en vain, puis elle la croque et avale sa soupe chitineuse. Le vent souffle dans ses cheveux, autour de son visage effrayant, ils se dressent, épaisse broussaille vénitienne, comme une couronne de serpents. Elle est Lilith fécondée par Méduse. Elle vocifère des mots inconnus, des mots de silence, de renoncements impossibles, tranchants comme des lames, qu’il n’entend pas. Une dernière fois, elle se penche vers lui, plonge ses bras dans son thorax béant, arrache son cœur ruisselant et vermeil, qu’elle avale en riant affreusement. Achille suffoque et se débat dans son sommeil, se retourne d’un bloc, griffe les draps et mâche son oreiller trempé, il sursaute à nouveau et s’écrase sur le sol glacé de la chambre.

Sur les dalles, humides de sa sueur aigre, il se réveille, surpris, ahuri, complètement perdu. Comme un vaisseau échoué sur les hauts fonds qui coule lentement, il tressaille, les membrures douloureuses et la carcasse moulue. Sous son crâne meurtri, aucun bruit, l’araignée se tait, sous ses paupières closes, lavées par les marées de la nuit, la mer étale, d’un bleu paisible, roule ses vaguelettes cristallines en flux et reflux apaisants. Le ciel céruléen est pur, une brise légère frise les flots calmes. Le sable fin est plus immaculé qu’au commencement du monde. Tout est si beau, si parfait, si doux, qu’Achille s’effraie un instant. Il s’ébroue, bat des paupières, rien ne bouge, rien ne change. Il se lève lentement et plonge dans les eaux fraîches et lustrales, nage au loin et nage encore, s’enfonce sous les flots, yeux grands ouverts. L’onde le lave, le régénère, devant lui dauphins et sirènes lui ouvrent le chemin. Tout en ces lieux est vraie volupté, équilibre parfait et harmonie tendre, délicate, émouvante. Entre les longues algues vertes et dansantes, il nage au cœur de la beauté, traverse des bancs soyeux de poissons multicolores habillés de rouges profonds, de jaunes vibrants, de bleus électriques, vifs, synchrones, ne faisant qu’un. Au fond d’une grotte lumineuse, Sophie lui sourit, pleure et demande pardon, il voudrait bien mais ne peut pas. Alors sa vue se brouille, les vagues se déchaînent, les eaux se troublent, Baphomet a tué le démon, mais il écrase encore l’ange sous la corne fourchue de ses pattes difformes. Le temps du grand œuvre n’est pas encore venu.

Achille est revenu du monde des mystères, s’est assis sous l’eau chaude de la douche, a fait la boule, tête entre les genoux, bras repliés, conscience sourde et lèvres scellées. Puis s’est habillé de beau, a déjeuné à satiété, s’est levé, est entré dans le sanctuaire défendu des infirmières qui n’ont pas eu le temps de piper, à ouvert la porte du saint des saints psychiatrique, a regardé Marie-Madeleine interloquée droit dans les seins, a sourit tandis qu’elle tentait de bafouiller quelques mots indignés, et a lancé d’un jet tout chaud, « Putain, vous êtes belle, vous aller manquer à mes nuits, à mes rêves, à ma queue qui a brûlé tout ce temps de vous baiser jusqu’à l’os, j’ai décidé : Je m’en vais … ! ». La psy est restée bouche ouverte, pupilles dilatées, sa bouche pendante et ses lèvres charnues, humides de surprise ont donné des idées à Achille, qui a rit. De bon cœur. En ce 11 Mars, jour de toutes les catastrophes passées et de Fukushima venir, malgré les arguments fades de Marie-Mad, poliment écoutés, le regards fixé sur ses mamelles à dévorer cruellement, ses chairs pâles grivelées à pleurer, ses cuisses rondes gaînées de soie fragile, sa jupe, au ras des ombres prometteuses entre ses superbes cuisses gonflées de vie, Achille n’a pas bronché, s’est sucé le majeur en soupirant, puis est sorti sans un mot de plus. Le lendemain, il a signé d’une main agile, sans hésiter, la décharge demandée, a posé ses bagages à l’entrée du pavillon au moment où Landonne entrait. Qui a sourit aimablement. Achille lui a tendu un billet qu’elle a prit, puis la main qu’elle a serrée franchement dans sa pogne courte et forte. A la gare les encapuchonnés tournaient comme à l’habitude, en traînant leurs savates à pas de prix, le regard torve et la bouche tordue, prêt à gicler au moindre regard croisé. Le suppositoire est parti vers Paris, rempli à ras bords de sacs de viandes éteintes, puantes, fatiguées, serrées les unes contre les autres.

 La vie reprenait le cours ordinaire des insignifiances …

Cette nuit d’Août, Achille le désagrégé ne s’est pas couché, il s’est assoupi sur le cuir odorant de son bureau, jusqu’à ce que dans sa tête la cloche compte minuit et le ramène à la surface, le désenglue des souvenirs méphitiques dans lesquels il s’était enfoui corps et âme. La carafe au large cul hottentot, au long col de cygne blessé, parois embuées comme une haleine hivernale, luit sous la lampe. Elle est là, patiente, devant le nez d’Achille, pleine d’un vin de miel aux reflets de bronze, un de ces Mâcon-Pierreclos que le monde nous envie et qui fait depuis des lustres déjà le bonheur d’Achille. C’est que Jean Marie Guffens est un artiste du vin, un vinificateur subtil dont les liqueurs tutoient l’olympe. Et ce « Tri des Hauts de Vigne » du millésime 2007, sera, Achille en est certain, à l’égal de ses frères Gufféniens, pur cristal, vibration haute, fleurs et fruits en majesté, pêche mûre, abricot fondant, miel frais, pointe discrète de gingembre confit, jus rond, rehaussé par la fraîcheur du millésime, boule de fruits fondus, un délice, juste gras, qui remplit le gueuloir jusqu’au bout du bout, avec ce qu’il faut de tension pour terminer en totale érection et emmener les papilles à l’orgasme vinique. Élégance, finesse, noblesse, un velours de vin qui n’exclut ni richesse, ni fraîcheur et qui met en pâmoison le vieux dégustateur de nuit, seul, au cœur des ombres de son passé. Et le vin le lave, lui redonne vie …

 Ange, Diable,

Baphomet,

Qu’il ne sera jamais,

Et Sophie,

 Dévoreuse

 Et goulue,

Qui jamais plus,

 Ne reviendra,

 Turlututu,

 Et gueule de bois …

ESIMOLASTISECONE.