QUAND JE SERAI MORT.

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La camarde de La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Quand je serai très mort, je serai bien vivant

Je me fendrai la gueule, je n’aurai plus de dents

Je jouerai bien aux boules, à un deux trois soleil

En courant comme un fou, je n’aurai pas d’oseille

La terre est sur ma tête et le ciel sous mes pieds

J’ai de l’herbe à l’oreille, les nuages sont mouillés

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Onze mille vierges une salope et deux putes

Et moi, et moi, et moi qui leur joue de la flûte

Mes trilles à l’unisson, dans l’arbre la turlute,

Gros lapin, mimi pinson, bonbons à foison,

Au cœur du potiron chante et rit le frelon,

Alice et sa pelisse et Falstaff sa toison.

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Au royaume des morts, je serai un enfant

Roland cuirasse d’or souffle dans l’olifant,

Blanche neige et le cierge, leurs doigts font des arpèges,

Je saute comme un cabri, vais cours vole et bondis,

Sardanapale énorme, entouré de houris,

Et Prévert et sa clope, Emmanuelle et sa fraise !

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Lourds fracas de douceurs, tendre pièges farceurs,

Et des cochons mafflus, les crêpes, la chandeleur,

Des abricots dodus, des pastèques velues,

Ah que vienne la mort, que j’erre dans les rues,

Ah que vienne la vie, les jeux suants de glu,

Quand je serai très mort, oui je serai tout nu.