ET LE VOL DES IBIS …

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L’arbre aux ibis de La De.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Du coeur des arbres noirs s’envolent les blancs ibis,

Sous la plume fragile bat le pouls de l’oiseau,

Sous l’encre des flots sombres, calices et artifices.

Les eaux sont à l’étal et le ciel est si beau.

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Regarde donc là-bas quand le soleil farouche,

Quand la mort et sa horde, quand au mors de ta bouche,

En vols agglutinés se rassemblent les mouches,

Bruissent comme les branches, les ibis se couchent

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Les vols en escadrilles aux pattes en ardoise,

Sur le ciel mourant, toutes en ombres chinoises

Leurs ailes battent lourdes, elles font bruit de velours

Et traversent les ondes et la mer à rebours.

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Ils sont rouges brûloirs, sanglants les longs fins becs,

Sur leurs pattes faucilles ils arpentent à sec,

Et les siècles aussi comme Thôt les heures,

Sous leurs bec recourbés les aloses en frayeur.

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A petits pas prudents ils vont par les étangs,

Leurs têtes, des masques, carnaval de Venise,

Sous leurs long manteaux pâles comme rêves d’antan,

Ils tremblent doucement quand se lève la brise.

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On les disait sacrés au temps des pyramides,

Ils trônaient dans le temple, graciles et hiératiques,

Et cet oiseau fragile était l’égal d’un dieu.

C’était au temps ancien, bien avant les cantiques.